Économie

Agriculteurs: déblocage annoncé du port de Bordeaux après des annonces du gouvernement

  • Des gendarmes dispersent des agriculteurs bloquant les accès au centre Leclerc de Beychac-et-Caillau (Gironde), le 21 novembre 2024
    ©Thibaud MORITZ, AFP - Des gendarmes dispersent des agriculteurs bloquant les accès au centre Leclerc de Beychac-et-Caillau (Gironde), le 21 novembre 2024
  • Des gendarmes dispersent des agriculteurs bloquant les accès au centre Leclerc de Beychac-et-Caillau (Gironde), le 21 novembre 2024
    ©Denis Charlet, AFP - La ministre de l'Agriculture Annie Genevard, en visite dans une exploitation d'endives à La Couture (Pas-de-Calais) le 21 novembre 2024
  • Des gendarmes dispersent des agriculteurs bloquant les accès au centre Leclerc de Beychac-et-Caillau (Gironde), le 21 novembre 2024
    ©Thibaud MORITZ, AFP - Barrage d'agriculteurs 0 Bassens, dans la banlieue de Bordeaux, le 21 novembre 2024
  • Des gendarmes dispersent des agriculteurs bloquant les accès au centre Leclerc de Beychac-et-Caillau (Gironde), le 21 novembre 2024
    ©FRANCOIS NASCIMBENI, AFP - Des agriculteurs de la Confédération paysanne manifestent à Reims le 21 novembre 2024

La Coordination rurale (CR), principal syndicat resté mobilisé sur le terrain, a annoncé jeudi soir qu'elle lèverait vendredi matin son blocage du port de commerce de Bordeaux, estimant que le Premier ministre avait répondu à ses revendications sur les normes européennes.

"On avait demandé à M. Barnier de s'engager sur la +surtransposition+ (des règles européennes), il répond ouvertement à ce qu'on lui a demandé, il a dit (mercredi devant le Sénat, NDLR): les agriculteurs ont raison, il y a trop de normes", a déclaré à l'AFP José Pérez, coprésident de la CR47.

"Je veux dire à propos de la simplification, les agriculteurs ont raison de demander que l'on regarde une par une les dispositions européennes et leur application chez nous", avait déclaré le chef du gouvernement mercredi après-midi devant le Sénat.

"On est des gens de parole, on a décidé de lever le camp", a ajouté M. Pérez, expliquant que "dans le feu de l'action", les déclarations du Premier ministre avaient dans un premier temps échappé à ses troupes.

La préfecture de Gironde a indiqué de son côté que "les échanges se poursuivent entre les services de l'État et les manifestants pour débloquer cette situation dans les meilleurs délais".

Le blocage du port bordelais, 7e du pays pour le trafic de marchandises, était la dernière action d'envergure menée par les agriculteurs cette semaine.

"Je pense que ce qui est autorisé en Europe devrait l'être également en France, ce qui est interdit en Europe doit l'être également en France", a également déclaré dans la journée la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, en déplacement dans le Pas-de-Calais.

Parmi les revendications des agriculteurs, de retour sur les routes depuis dimanche, figure la réautorisation d'un insecticide neurotoxique (l'acétamipride, un néonicotinoïde) interdit en France, mais encore autorisé ailleurs dans l'UE, réclamé par les producteurs de betteraves sucrières et de noisettes.

La ministre a aussi promis "dans les prochains jours des annonces en matière de simplification".

- "Ordre dispersé" -

Pour Lucie Delbarre, présidente de la FDSEA du Pas-de-Calais, ce déplacement n'est pas de nature à calmer la grogne: "On a des petites mesurettes qui arrivent, mais nous ce qu'on veut, c'est l'ensemble de nos revendications, (...) qu'on puisse vivre de notre métier sereinement".

Autour du village de La Couture, où la ministre a visité une exploitation d'endives, les panneaux étaient barrés d'autocollants "Paraguay", "Brésil" ou "Argentine", en référence à l'accord de libre-échange entre l'UE et des pays du Mercosur auquel les agriculteurs comme la classe politique française s'opposent.

Mme Genevard effectuait sa première sortie sur le terrain depuis le retour des manifestations agricoles cette semaine, surtout marquée par les actions des "bonnets jaunes" de la Coordination rurale.

À Bordeaux, un agriculteur participant au blocage du port déplorait jeudi une mobilisation "en ordre dispersé". "Les collègues sont résignés, on devrait tous faire cause commune [entre syndicats], c'est dommage. On est obligé de faire brûler des pneus pour qu'on s'intéresse à nous."

Les autorités portuaires ont fait part de leur "incompréhension" face à cette action, affirmant que "Bordeaux est un port d'export céréalier au service de la filière agricole régionale" et qu'il "n'importe pas de céréales", la CR47 affirmant le contraire.

- Tassement du mouvement, avant une reprise ? -

Jeudi après-midi, les autorités recensaient 651 agriculteurs et 242 engins mobilisés dans 13 départements.

Des centrales d'achat de la grande distribution ont encore été ciblées en Charente, Corrèze, dans le Lot-et-Garonne, les Landes, le Tarn et le Tarn-et-Garonne.

Sur Europe1/Cnews, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a répété jeudi qu'il y avait "des lignes rouges" à ne pas dépasser: "pas d'enkystement", "pas de blocage".

À Lille, des membres de la CR ont garé leurs tracteurs jeudi après-midi devant le Conseil régional des Hauts-de-France, où une délégation a été reçue par le cabinet de son président Xavier Bertrand.

Ce nouvel épisode de manifestations agricoles survient à quelques semaines d'élections professionnelles. La CR, qui préside aujourd'hui trois chambres d'agriculture, espère à cette occasion briser l'hégémonie de l'alliance FNSEA-JA et ravir "15 à 20 chambres" supplémentaires.

Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a annoncé que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, "mardi, mercredi et jeudi".

Il est attendu ce vendredi matin au Congrès des producteurs de légumes de France à Agen... fief historique de la Coordination rurale.

publié le 21 novembre à 20h12, AFP

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