Catalogne : le clivage entre indépendantistes et unionistes n'est pas si évident

par euronews-fr

Dans les rues de Barcelone, l’identité catalane s’affiche partout et la question d’une Catalogne indépendante de l’Espagne est dans toutes les têtes. Les autorités de Madrid ont jugé la tenue d’un référendum sur le sujet le 9 novembre prochain, non conforme à la constitution. Mais le gouvernement catalan notamment dopé par le vote en Ecosse compte maintenir une consultation ce jour-là. Un vote qui ne sera pas représentatif, mais dont Madrid conteste encore une fois le bien-fondé.Le mouvement indépendantiste a pris de l’ampleur ces dernières années, mais a-t-il touché les quartiers populaires de Barcelone où de nombreux habitants ne sont originaires ni de Catalogne, ni d’Espagne ? Nous nous rendons dans le quartier d’El Carmel où nous rencontrons José Ángel Rodríguez. Ce syndicaliste de 38 ans, natif du quartier et ancien militant socialiste, fait partie depuis peu d’une mouvance citoyenne qui s’exprime en faveur de l’indépendance. Il est de langue maternelle espagnole et non catalane. “Il y a toujours eu un indépendantisme identitaire, basé sur les principes de la langue, de la culture, d’un environnement personnel d’identification à une nation et un indépendantisme qui n’est pas identitaire,” souligne-t-il. “Personnellement, je suis espagnol, je me sens espagnol et en même temps, je suis indépendantiste : je peux justifier ces deux aspects,” dit-il, “parce que ce n’est pas une question d’identité, mais de modèle de convivialité, de société.”“En 1978, l’Espagne s’est construite entre la droite franquiste, la droite démocratique et la gauche démocratique,” poursuit le militant. “Nous voulons construire la Catalogne de 2014 également avec la droite démocratique : il ne peut pas y avoir qu’une Catalogne des gens de gauche,” insiste-t-il, “la construction d’une nouvelle société se fait avec tous : les immigrés, les bourgeois, les gens de gauche, de droite, les pauvres et les riches”.À l’est de Barcelone, dans la ville de Badalone gérée par un maire issu du Parti populaire (droite), nous croisons un jeune homme de 17 ans, Aritz Bel. Il est en âge de voter lors de la prochaine participation citoyenne et milite dans un parti indépendantiste. “En général, tu t’attaches à un État si tu penses qu’il t’aime,” lance-t-il. “Or je crois que ces dernières années et ces dernières décennies, l‘État espagnol n’a fait que nous maltraiter au niveau économique et social et même si on ne parle pas catalan, ça nous gêne que l‘État espagnol maltraite la langue catalane parce que ça nous semble une injustice et on n’aime pas les injustices,” assure-t-il.“Cette consultation sera pour beaucoup et notamment pour moi, la première élection où on pourra voter,” fait-il remarquer avant d’ajouter : “en plus, ce sera un vote où on aura une opportunité que beaucoup de gens n’ont pas eu pendant longtemps parce qu’on décidera de notre avenir immédiat et de l’avenir de nombreuses générations.”Entre Madrid et Barcelone, la rivalité s’exprime aussi dans le foot : le Real a remporté le dernier classico contre le Barça sous le regard des supporters de l‘équipe madrilène à Badalone. Parmi eux, certains comme Blas Martínezpourraient refléter une autre tendance au sein de la société civile qui se prononcent contre l’indépendance. “Un peu partout, on élimine les frontières et ici, ils essaient de faire une chose qui pour moi, n’a pas de sens parce qu’on va nous laisser en dehors de l’Europe et on n’aura pas la même monnaie,” s’indigne le supporter du Real. “Je ne suis ni pour, ni contre la consultation du 9 novembre : s’ils veulent la faire, qu’ils la fassent !” s’emporte-t-il. “Mais tout le monde devrait aller voter, on devrait savoir si tous les gens qui vivent en Catalogne sont favorables à l’indépendance parce je crois qu’il y a beaucoup de gens qui n’en veulent pas,” affirme-t-il.Pour aller plus loin sur cette question indépendantiste qui divise la société catalane, nous nous tournons vers Marina Subirats. Cette sociologue a dirigé dans les années 90, l’Institut de la Femme à Madrid avant de devenir conseillère municipale à Barcelone en charge de l‘éducation et maire de l’un des quartiers les plus populaires de la ville. “Ce qui les attire [dans le discours indépendantiste], c’est la possibilité de faire quelque chose de nouveau dans l’avenir même si on peut penser (...) que les problèmes anciens se présenteront encore,” estime-t-elle. “On peut aussi se demander de quoi ils veulent être indépendants parce qu’aujourd’hui, on est plus dépendant que jamais,” explique-t-elle, “en réalité, on n’est pas seulement dépendant de l‘État espagnol, mais aussi de l’Union européenne et de l‘économie mondiale : c’est la raison pour laquelle l’indépendance est plus que jamais une utopie.”Nous retrouvons José Ángel Rodríguez, cette fois aux côtés de son père José, né au Maroc il y a 67 ans et originaire d’Andalousie. Depuis plus de quarante ans, il habite dans le quartier d’El Carmel. Contrairement à son fils, il n’a pas rejoint la cause indépendantist

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