70 ans après le débarquement en Normandie, témoignages
par euronews-fr
Une mission pour libérer une Europe occupée. De ceux qui ont entretenu le secret autour de la préparation du débarquement aux milliers de troupes alliées qui ont débarqué en Normandie, tous en gardent des souvenirs très clairs, même 70 ans plus tard.“Je ne savais pas où j’allais. Tout ce que je savais, c’est que j’allais en Europe. Nous étions des milliers, le bateau était bondé”, raconte Sergio Moirano, vétéran américain d’Utah Beach.“Il y avait deux membres de la police militaire devant la porte empêchant quiconque d’entrer ou de sortir. Et donc dès que ce gars est parti, le général de division Graham s’est tourné vers moi et a dit ‘demain c’est le débarquement, c’est pour cela que nous organisons cette petite fête’”, explique Stella Rutter, organisatrice d’un fête secrète la veille du débarquement.“Tout ce qu’on a eu, c’est un message d’Eisenhower et de l’amiral, c’est bien documenté. Il a dit : ‘priez parce que nous participons à une grande aventure et nous allons libérer l’Europe et je compte sur vous tous pour faire votre boulot’”, se souvient Leslie Garrett, vétéran britannique qui a débarqué en Normandie depuis le HMS Diadem.Eddie Wallace, vétéran britannique a quant à lui débarqué à Juno Beach : “dans la nuit du 5 juin, alors qu’on était en route, je me suis trouvé un filet de camouflage et je me suis allongé pour dormir. Et voilà. C’est tout ce que je pouvais faire.”Son compatriote Frank Rosier était à Gold Beach : “la plupart d’entre nous étaient dans des couchettes. Et ça remuait sans cesse, j’avais un mal de mer terrible et dès le début, j‘étais impatient de descendre de ce bateau, peu importe ce qui m’attendait sur la plage. Je voulais descendre de ce bateau.”À l’aube du 6 juin 1944, la première vague des forces alliées débarque sur les plages de Normandie. L’opération Overlord a commencé. Utah. Omaha. Gold. Juno et Sword. Des noms de code pour des plages témoins de la plus grande invasion surprise de l’histoire des guerres modernes. L’arrivée de plus de 150 000 soldats en l’espace d’un jour.Malgré l’effet de surprise, ceux qui défendent le mur de l’Atlantique d’Hitler opposent une résistance féroce. D’Utah à Sword, mais surtout à Omaha, les soldats tombent, certains avant même d’atteindre la plage.“Il y a quelque chose que je n’arrive pas à comprendre, s’interroge Curtis Philipps, vétéran américain d’Utah Beach : ils nous ont donné un gilet de sauvetage, mais sans nous dire comment le mettre. Et quand on le met là et qu’on se penche comme ça, on se noie. On ne peut pas se relever.”“En arrivant sur la plage – jamais de toute ma vie, je n’avais vu un mort, même pendant le Blitz – et donc en arrivant sur la plage avec la deuxième vague, le carnage sur cette plage était horrible. Je me suis arrêté un instant. Ça m’a coupé le souffle. C‘était horrible”, témoigne Frank Rosier.“Vous êtes avec une centaine d’hommes de votre âge et vous les voyez tous morts, devant vous. Pour quoi est-ce que je dois aller là-bas ? Et vous entendez ceux qui agonisent et pleurent pour leurs proches. Et vous ne pouvez pas vous arrêter pour les aider. Vous êtes là uniquement pour utiliser leurs corps pour vous protéger. Ce n’est pas bien. Quand vous voyez des corps partout. Je n’arrive pas à m’enlever cela de la tête. Peu importe ce que vous dites. Je n’y arrive pas”, raconte avec émotion Sergio Moirano.On estime a 10 000 le nombre de soldats alliés tués le 6 juin. Des soldats essentiellement britanniques, américains et canadiens, mais aussi australiens, polonais, norvégiens, entre autres. Sans compter les 177 commandos français qui ont débarqué avec les Britanniques sur Sword Beach. Léon Gautier faisait partie du commando Kieffer : “les commandos avaient un entraînement spécial, c‘était des troupes spéciales qui ont été entrainées à balles réelles, vous voyez le genre d’entraînement, dit-il. On était très entrainé. La peur n’existait pas. Mais nous, on était très heureux de rentrer en France. Vous pensez, après quatre ans d’absence, on rentrait chez nous pour libérer la France. C‘était plutôt de la joie que la peur.”Résistante en Normandie, Colette Marin-Catherine se souvient elle aussi : “le soir du six juin, on a entendu du bruit et il y avait un side-car allemand avec un officier allemand dans le side-car. Il avait sa casquette d’officier un peu de travers, mais surtout sa tête était en sang et la tête était pratiquement tombée sur le bord du side-car. Pour moi, ça a été... On ne va pas dire qu’on était joyeux de voir quelqu’un qui perd son sang, quelle que soit sa nationalité, on s’en fout de ça…Mais quand on pensait à leur morgue, à leur arrogance et que tout à coup il était piteux, minable dans son side-car et blessé , ‘ah, j’ai dit, messieurs, vous allez voir ce que c’est que le début de la fin. Et ça a été le début de la fin.”Le début de la fin. Une fin aigre-douce pour beaucoup, après quatre années d’occupation et de répression. Mais à la fin du jour le plus long, les forces alliées con
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