200 personnes manifestent contre le RN à Marseille après le résultats des législatives
par La Provence
Un électeur marseillais sur trois a voté RN dimanche, rassemblant pour la première fois plus de 110 000 voix. "Faut-il que tous les demi-siècles nous soyons confrontés à une poussée des tendances fascistes?", interrogeait Denise Toros-Marter, ancienne déportée de 96 ans, à quelques jours du premier tour (lire notre édition du 25 juin). Cette militante marseillaise rescapée d'Auschwitz redoutait une "poussée vers le Rassemblement national". Marseille n'aura échappé ni à ses craintes, ni à la vague RN annoncée. Si dans les sept circonscriptions marseillaises, les électeurs de l'union de la gauche ont été majoritaires en totalisant 121 383 voix (36,34%), le parti de Jordan Bardella vient de battre un record historique autour du Vieux-Port. Jamais le RN n'avait franchi le seuil des 100 000 voix. En réunissant 110 744 bulletins, dimanche soir, les candidats du Rassemblement national se retrouvent à chaque fois en tête au second tour. "Ça fait un moment que la menace pèse, on s'y attendait au niveau national mais pas ici. On croyait naïvement à la mobilisation des électeurs et à l'union de la gauche. Et au final ... que dalle!", lance Lucille, aux Cinq Avenues, un brin amère, alors que dans sa circonscription (la 5e) le RN vire en tête devant deux candidats LFI. Le réveil est brutal pour ce groupe de parents d'élèves qui rembobine la soirée électorale en terrasse, sur les allées Gambetta. Pour eux, pas de second tour. Leur député, Manuel Bompard a été réélu. "Mais les pancartes sont toujours sur le balcon prêtes à resservir, tous les jours s'il le faut", insiste Baptiste. À l'arrêt de tram, Lina et Yasmine, 14 ans, sont sur TikTok Oui, elles connaissent "vite fait" les grands gagnants et les enjeux. Mais ce lundi a une tout autre couleur pour les deux adolescentes. Premier jour de l'été, loin de la cour du collège, les épaules se lèvent, elles "feront avec". Au contraire d'Aurélie, qui aimerait bien penser à autre chose: "Je suis en colère". Elle qui a voté, à Saint-Barnabé, pour la candidate du camp Macron, ne s'y retrouve plus. "Suite au désistementde Sabrina Agresti-Roubache, tout à son honneur, j'ai le choix entre deux bulletins : celui du RN et du Nouveau Front populaire. Et ce que je redoutais est en train d'arriver. Les alliances, les consignes de vote, tout ce bazar qui ne rime plus à rien. Je ne suis pas certaine de me déplacer dimanche." Même la marche organisée par plusieurs collectifs antifascistes, à Porte d'Aix, le même soir, n'a pas fédéré au-delà du noyau habituel. "Je ne m'attendais pas à ce qu'on soit si peu", se désole Liv, une artiste couverte de tatouages qui trahissent ses convictions politiques, dans un cortège de 100 personnes. "Je crois que la digue anti-FN avec laquelle j'ai grandi est tombée. La seule chose à faire, maintenant, c'est appeler ma famille facho pour tenter de comprendre où ça a disjoncté entre nous", articule Marine.
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