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Coup d'État au Gabon : les putshistes annoncent la mise à la retraite d'Ali Bongo

Alors que les résultats des scrutins annonçaient le président sortant Ali Bongo vainqueur de l'élection, un groupe militaire a déclaré ce mercredi 30 août l’annulation du vote et la dissolution des institutions gabonaises, comme l’indique RFI.

Tout s’est passé en quelques minutes. Après la diffusion des résultats, qui donnaient Ali Bongo vainqueur des élections présidentielles, avec 64,27% des suffrages, des coups de feu ont retenti dans la capitale Libreville, rapporte RFI. Le général Brice Oligui Nguema, le chef de la garde républicaine, a annoncé mercredi 30 août dans l'après-midi qu’Ali Bongo était "mis à la retraite" et qu’il "n’avait pas le droit de faire un troisième mandat". "La constitution a été bafouée, le mode d'élection lui-même n'était pas bon. Donc l'armée a décidé de tourner la page, de prendre ses responsabilités", a-t-il justifié.

À la mi-journée, le porte-parole du gouvernement a condamné "le coup d'État militaire en cours". Quelques heures plus tôt, la Première ministre Éllisabeth Borne avait indiqué suivre attentivement les développements de la situation au Gabon. Le président de la Commission de l'Union africaine a fermement condamné cette "tentative de coup d'État" et la présidence américaine a confié "suivre de très près" la situation.

Dans le même temps, un groupe d’une douzaine de militaires a pris la parole sur Gabon 24, la chaîne de télévision dont les locaux se trouvent dans le palais présidentiel. Le groupe, constitué de bérets rouges, de gendarmes, de bérets verts de la Garde républicaine et d’un béret noir, souvent porté par les soldats des régiments blindés, a annoncé l’annulation du scrutin et la dissolution des institutions.

Selon le communiqué des militaires, ces derniers expliquent avoir agi après avoir constaté "une gouvernance irresponsable, imprévisible qui se traduit par une dégradation continue de la cohésion sociale risquant de conduire le pays au chaos […] nous avons décidé de défendre la paix en mettant fin au régime en place". Ils ont par ailleurs annoncé la fermeture des frontières "jusqu’à nouvel ordre".

Ali Bongo Ondimba appelle "tous amis dans le monde entier" à "faire du bruit"

Lors de cette prise de parole, les militaires putschistes ont annoncé avoir arrêté l'un des fils du président Bongo. Dans le même temps, ce dernier est désormais en résidence surveillée, ont-ils indiqué. Depuis la résidence surveillée où il a été placé, Ali Bongo Ondimba a appelé "tous amis dans le monde entier" à "faire du bruit", dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.

Des fraudes dénoncées dès samedi

Les résultats officiels, annoncés à 1h du matin, ont donné Ali Bongo vainqueur des élections pour la troisième fois, après 14 ans au pouvoir, avec 64,27% des votes. Son principal adversaire, Albert Ondo Ossa, n’aurait recueilli que 30,77% des voix. Samedi, ce dernier avait dénoncé des "fraudes orchestrées par le camp Bongo", deux heures avant la clôture du scrutin.

Après les votes, le réseau Internet avait été coupé et un couvre-feu avait été décrété dans tout le pays par le gouvernement. De plus, l’organe de surveillance des médias avait annoncé "l’interdiction provisoire de la diffusion au Gabon" des chaînes de télévision françaises France 24 et TV5 Monde, ainsi que de la radio RFI.

publié le 30 août à 17h30, Inès Cussac, 6Medias

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