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Bolivie: l'ex-président Morales accuse le gouvernement d'ignorer son offre de dialogue

L'ancien président bolivien Evo Morales (d) est allongé sur un matelas alors qu'il est en grève de la faim dans le département de Cochabamba, en Bolivie, le 3 novembre 2024

© FERNANDO CARTAGENA, AFP - L'ancien président bolivien Evo Morales (d) est allongé sur un matelas alors qu'il est en grève de la faim dans le département de Cochabamba, en Bolivie, le 3 novembre 2024

Au deuxième jour de sa grève de la faim, l'ex-président bolivien Evo Morales a accusé le gouvernement d'ignorer sa demande de dialogue pour mettre fin à un mois de protestations qui ont culminé vendredi avec la prise en otage de 200 militaires.

Dans la foulée, le ministère de la Défense a déclaré dans un communiqué "condamne(r) fermement la prise de contrôle armée et violente d'unités militaires", sans plus de précision sur le sort des otages.

"J'ai demandé un dialogue immédiat et la mise en place de deux comités de dialogue (...) Et la réponse du gouvernement a été d'arrêter (...) des camarades et de les emmener à La Paz", a dénoncé M. Morales dimanche dans un bref entretien à l'AFP.

Ses soutiens ont commencé à bloquer les principales routes du pays le 14 octobre pour dénoncer ce qu'ils estiment être une "persécution judiciaire" à l'encontre de leur leader, visé par une enquête pour le viol présumé d'une adolescente de 15 ans.

Ils exigent désormais aussi la démission du président Luis Arce, qu'ils accusent d'être responsable des pénuries de carburant que subit la Bolivie faute de devises pour en acheter.

Vendredi, la police, soutenue par l'armée, est parvenue à débloquer une route près de Parotani (centre), un axe clé reliant Cochabamba, chef-lieu du département du même nom et fief politique de M. Morales, à la capitale administrative La Paz.

Dix-neuf policiers ont été blessés et 66 civils arrêtés lors de l'opération, selon les autorités.

- "Persécution totale" -

"Il s'agit d'une persécution totale", a dénoncé dimanche M. Morales, ancien cultivateur de coca et premier indigène à avoir gouverné la Bolivie (2006-2019).

Vendredi, il a annoncé entamer une grève de la faim pour exiger un dialogue avec le gouvernement du président Arce afin qu'il "installe (...) des comités de discussion" politique et économique.

Le président Arce a assuré le même jour qu'il continuerait à travailler "jusqu'à libérer" la ville de Cochabamba, où le carburant se fait de plus en plus rare et où les prix montent en flèche en raison du blocage des routes.

Après 21 jours de blocages, les pertes sont estimées à 2,1 milliards de dollars dans divers secteurs, selon le ministère du Développement productif.

La ministre de la Présidence, Maria Nela Prada, a fait savoir samedi dans un communiqué que le bureau du médiateur de l'Etat négociait un dialogue.

Le gouvernement est disposé à dialoguer, mais "pour aborder des questions qui concernent le pouvoir exécutif et non d'autres organes de l'Etat", a-t-elle souligné.

Mme Prada a indiqué que dans d'autres appels au dialogue, M. Morales avait posé comme condition de résoudre la question de sa candidature aux élections de 2025.

Les tensions se sont aggravées vendredi lorsque 200 militaires ont été "pris en otage" dans trois casernes par des partisans de M. Morales, à Cochabamba, selon un communiqué du ministère bolivien des Affaires étrangères.

Ancien allié de M. Morales, Luis Arce est arrivé au pouvoir en novembre 2020. Les deux hommes se disputent désormais le contrôle de la gauche et l'investiture pour la présidentielle de 2025, à laquelle M. Morales, 65 ans, veut prétendre malgré une décision de justice le disqualifiant.

publié le 4 novembre à 02h20, AFP

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