Économie

Pour Barnier, l'heure de la première confrontation avec les députés

  • Le Premier ministre Michel Barnier au 130e congrès des sapeurs-pompiers de France, le 28 septembre 2024 à Mâcon
    ©Alex MARTIN, AFP - Le Premier ministre Michel Barnier au 130e congrès des sapeurs-pompiers de France, le 28 septembre 2024 à Mâcon
  • Le Premier ministre Michel Barnier au 130e congrès des sapeurs-pompiers de France, le 28 septembre 2024 à Mâcon
    ©Alex MARTIN, AFP - Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau au 130e congrès des sapeurs-pompiers de France, le 28 septembre 2024 à Mâcon

Impôts, immigration, proportionnelle: Michel Barnier descend dans l'arène mardi pour présenter sa feuille de route, dont il n'a jusqu'ici rien livré tant le point d'équilibre est difficile à trouver pour ce Premier ministre sans majorité, entre les exigences contradictoires de ses alliés et un budget ultra-serré.

Près d'un mois après sa nomination, enfin doté d'un gouvernement, le Premier ministre prononcera sa déclaration de politique générale à 15H00 devant l'Assemblée nationale.

Mais il ne sollicitera pas de vote de confiance des députés, à l'instar de ses prédécesseurs Élisabeth Borne et Gabriel Attal, privés comme lui de majorité absolue.

Son discours aura été précédé le matin par un Conseil des ministres autour d'Emmanuel Macron, dont le compte-rendu aura lieu désormais dans des locaux de Matignon et non plus au palais présidentiel, marquant une nouvelle forme de distance entre les deux têtes de l'exécutif.

La marge de manœuvre de Michel Barnier est très étroite. A l'absence de majorité, s'ajoute une situation financière explosive, avec un dérapage du déficit public qui devrait contraindre le gouvernement à sabrer les dépenses.

Michel Barnier devrait parler pendant environ une heure, selon son entourage, et insister sur deux exigences, "la dette financière et la dette écologique".

Pour préparer sa feuille de route, il a reçu la semaine dernière les forces syndicales et patronales. Il a aussi organisé un séminaire gouvernemental, qui visait surtout à développer un esprit d'équipe après plusieurs couacs entre ses ministres.

- "État de droit" -

A peine nommé, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, issu du parti de droite Les Républicains (LR), a engagé un bras de fer avec le ministre de la Justice venu de la gauche, Didier Migaud, obligeant Michel Barnier à les réunir pour travailler sur des "lignes communes".

Mais durant le week-end, le premier flic de France a allumé un nouvel incendie en s'exprimant sur la sécurité et l'immigration. L'État de droit "n'est pas intangible, pas sacré", a-t-il lancé.

La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet s'est dite, comme plusieurs autres membres du camp présidentiel, "très inquiète". Et des députés ont demandé un "recadrage" de Bruno Retailleau.

Ce dernier a tenté d'éteindre ce feu mardi, regrettant dans un communiqué que ses propos aient été "instrumentalisés par de faux débats". "Aujourd'hui, le droit ne protège pas suffisamment les Français", a-t-il ajouté.

Le Premier ministre parlera "prudemment", conformément à sa méthode du "montagnard" qui avance "pas à pas", prédit un allié.

Outre la pression des siens, Michel Barnier subit celle de l'extrême droite qui l'a mis "sous surveillance" et peut le faire tomber à tout moment en votant une motion de censure de la gauche. Le RN a fait savoir qu'il ne devrait pas voter celle qui sera déposée dès cette semaine par les socialistes.

"On va donner la chance au produit (...) Quand on écoute Bruno Retailleau, on a bien compris qu'au niveau migratoire, il avait compris ce qu'attendaient les Français. Je suis moins certaine quand on entend le garde des Sceaux", a résumé la porte-parole du groupe RN Laure Lavalette sur RMC/BFMTV.

- "Combien de temps" -

Ses alliés du bloc macroniste exhortent aussi le Premier ministre à ne pas détricoter la politique menée depuis sept ans, notamment en matière de baisse de la fiscalité.

Car les arbitrages les plus délicats concerneront le budget alors que le déficit risque d'atteindre 6% du PIB cette année, loin des 3% fixés par Bruxelles.

Michel Barnier devrait annoncer, en même temps que des réductions de dépenses, une augmentation de certains impôts sur les grosses entreprises et les plus riches.

Le chef de file des Républicains à l'Assemblée, Laurent Wauquiez, a affirmé mardi qu'il pourrait accepter des hausses d'impôts "temporaires, exceptionnelles et justes" en contrepartie "d'économies massives", critiquant au passage les réticences de Gérald Darmanin sur les hausses d'impôts après avoir "exercé des responsabilités pendant sept ans".

Conscient de la fragilité de sa situation, le Premier ministre a reconnu ne pas savoir "combien de temps" il tiendrait à Matignon.

Sur le flanc gauche de la coalition, le MoDem pousse les feux sur une revendication ancienne, l'instauration de la proportionnelle aux législatives, sur laquelle la droite se montre très réticente.

La gauche dénonce elle toujours la nomination de Michel Barnier à un poste qu'elle estimait lui revenir après des législatives où elle est arrivée en tête. "C'est très choquant de voir que le Premier ministre est issu d'un parti ultra minoritaire", a dénoncé la présidente des députés insoumis Mathilde Panot.

Côté syndical, trois organisations (CGT, FSU, Solidaires et une partie de FO) manifesteront dans plus de 180 villes pour réclamer une abrogation de la réforme des retraites et une hausse des salaires.

publié le 1 octobre à 10h20, AFP

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