World Policy Conference : lectures croisées des crises mondiales à Monaco
par euronews-fr
Monaco accueillait le week-end dernier la sixième édition de la World Policy Conference. Quelque 300 hommes politiques, d’affaires, représentants d’organisations internationales, s’y sont retrouvés pour échanger leur analyse géopolitique et économique des crises en cours à travers le monde.L’inauguration de la conférence par le prince Albert II vendredi a coïncidé avec la décision iranienne de quitter la table des négociations sur le programme nucléaire, en réaction à l’extension des sanctions américaines.Un rebondissement qui n’a pas surpris le vice-premier ministre belge, Didier Reynders. “Je m’attends, évidemment, à ce que, sur un sujet aussi sensible, on ait régulièrement des crises, des départs. Le tout, c’est qu’il y ait aussi un retour à la table. Je souhaite d’abord qu’on fasse tout pour remettre l’ensemble les partenaires autour de la table parce que la crise iranienne c’est probablement, sur le plan géopolitique, la crise la plus sensible aujourd’hui en matière de sécurité dans le monde”, a-t-il confié à notre envoyé spécial, Giovanni Magi.Egalement présent, le vice-premier ministre turc, Ali Babacan, a réitéré la position de son pays : “nous avons plaidé pour que chaque nation souveraine ait le droit de posséder et d’utiliser la technologie nucléaire à des fins pacifiques. Mais la Turquie est contre les armes nucléaires, nous sommes contre les armes de destruction massive dans notre région et au-delà.” Egalement au menu : la crise syrienne et la décision de Washington et Londres d’arrêter d’approvisionner les rebelles en armes. Celles-ci sont tombées entre les mains du Front islamique qui ne reconnaît pas la coalition pro-occidentale.Pour Didier Reynders, la prudence aurait dû être de mise bien plus tôt : “je n’ai jamais été favorable a la fourniture d’armes tant que nous n’avons pas une vision très claire de qui va utiliser ces armes. Il y a beaucoup de confusion aujourd’hui en Syrie. Il faut être très prudent dans la fourniture d’armes et dans le support que l’on peut donner, mais par contre, il faut tout faire pour ramener l’ensemble des partenaires autour de la table”.L’Union européenne traverse elle aussi une crise géopolitique avec le “non” soudain de l’Ukraine à un accord d’association avec Bruxelles. Depuis, la colère gronde dans les rues de Kiev.Le fondateur et président de la World Policy Conference estime cependant que tout n’est pas perdu, à certaines conditions toutefois : “je pense qu’il y aura un jour ou l’autre un accord avec l’Union européenne mais ce qu’il faut bien voir aussi, c’est que l’Union européenne doit être capable d’honorer ses engagements. Que nous tenions de beaux discours sur l’Ukraine, c’est très bien, mais est-ce que l’Union européenne a vraiment la volonté et les moyens de s’investir massivement, y compris sur le plan économique, vis-à-vis de l’Ukraine ? J’en suis beaucoup moins sûr.”La crise économique en Europe constitue par ailleurs une urgence sociale, avec un taux de chômage à des plus hauts historiques dans plusieurs pays, particulièrement chez les jeunes.L’occasion pour le commissaire européen à la concurrence – également vice-président de la Commission européenne, Joaquín Almunia, de rappeler l’action de Bruxelles en la matière : “nous avons adopté une stratégie d’aide aux pays européens et à leurs politiques pour l’emploi, qui garantissent par exemple un emploi pour les jeunes. La Commission européenne gère aussi les contributions décidées par les Etats-membres, avec pour objectif d’investir six milliards d’euros dans les deux prochaines années dans le soutien aux programmes spécifiques pour l’emploi des jeunes.”Autre grande question, celle de la protection des données numériques et de ses implications éthiques pour l’Union européenne. Les conférenciers ont tenté d‘évaluer son impact sur la compétitivité. “Il nous faut prendre conscience de l’impact économique de la révolution numérique, a notamment estimé le chef de la diplomatie suédoise, Carl Bildt. Les Américains, qui ont un avantage énorme en matière d‘énergie, au détriment de l‘économie européenne, pourraient bien aussi l’emporter en matière de données numériques. Il ne faut pas donner aux Américains trop d’avantages concurrentiels.”Il n’y a pas de solution simple à toutes les urgences internationales. La diplomatie, le dialogue et la confrontation démocratique restent, pour beaucoup, la meilleure façon d’avancer.
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