Programmes scolaires : il y a matière à débat !
par euronews-fr
Qui décide de ce qui est enseigné à l‘école ? Quelle place pour les sciences ? Pour l’art ? Combien de langues les élèves doivent-ils apprendre et lesquelles ? Combien d’heures de sport ? Qu’en est-il des cours de religion ou de l’enseignement des nouvelles technologies ? Concevoir le programme parfait est loin d‘être évident.Angleterre : une réforme d’avenir ou du passé ?La tâche s’avère tout autant compliquée pour les gouvernements qui fixent des contenus d’enseignement valables pour tous les établissements de leur pays. Qu’est-ce qui doit figurer au programme ? Une question âprement débattue par exemple, en Angleterre, régulièrement à la traîne dans les classements PISA pour le primaire et le secondaire. Le gouvernement veut y remédier en appliquant à l’automne, une réforme des programmes dans les écoles publiques anglaises : on y mettra l’accent sur l’apprentissage par cœur et des efforts supplémentaires seront demandés aux enfants dès leur plus jeune âge.Une initiative vivement critiquée dans le monde enseignant : certains jugent que cette accumulation de contenus nuira à la compréhension et à la motivation des élèves et estiment que cette réforme illustre la main-mise du gouvernement sur l’enseignement.Le texte préconise par exemple, de ne pas employer de calculatrices en primaire ou encore de faire étudier deux pièces de Shakespeare avant l‘âge de 14 ans. Les élèves devront aussi apprendre le codage.Experts du BIE : prendre exemple sur les autres paysÀ Genève, le Bureau international d‘éducation (BIE) qui dépend de l’Unesco apporte conseils et assistance technique aux spécialistes, enseignants et décideurs qui veulent rénover leurs programmes scolaires nationaux. “Au BIE, on ne parle pas de programme idéal : on estime que différents programmes peuvent être efficaces dans divers contextes en fonction des priorités nationales, des aspirations nationales et de la définition nationale de l‘éducation,” insiste Renato Opertti, spécialiste des programmes au sein de l’institution. “Traditionnellement,” ajoute-t-il, “on se concentre sur les enseignants et on ne met pas beaucoup les apprenants au centre du jeu ; aujourd’hui, (...) on place les apprenants au cœur du processus éducatif.”Si l’objectif de ce processus, c’est bien d’aider l‘élève à comprendre ce qu’il apprend pour qu’il puisse s’en servir dans sa vie future, il faut aller au-delà d’après les experts du BIE et notamment regarder ce qui se passe à l‘étranger. Une évidence puisque nous vivons dans un monde largement globalisé. Pour autant, selon un autre spécialiste du Bureau, Massimo Amadio, se comparer avec d’autres pays nécessite de tenir compte du contexte : “Si on prend le modèle finlandais (souvent cité en exemple) et qu’on le transfère par exemple à l’Italie, ce n’est pas sûr que ça marche,” souligne-t-il.Italie : un lycée révolutionne les programmes et la vie en classeÀ Brindisi dans le sud de l’Italie, un lycée public professionnel, l’Institut Majorana fait sa révolution : en classe, les élèves peuvent se déplacer pour travailler en petits groupes. Ils n‘étudient qu’une seule matière à la fois par période de l’année et selon le modèle de l‘école inversée, les contenus d’enseignement sont accessibles en ligne et le cours devient le lieu des questions et de la mise en pratique. L‘établissement utilise aussi ses propres manuels.Depuis 2009, en effet, cet établissement qui fait partie des Living Schools Lab européens refuse d’appliquer le programme national uniformisé. Ce sont les enseignants et les élèves qui conçoivent leurs manuels low-costs, en version papier ou électronique. Une partie de l’argent que les familles ont ainsi économisée sert à financer l‘équipement des classes : les ordinateurs, les tablettes et les tableaux numériques.Ce projet baptisé Book in Progress fait des émules : “en quatre ans, le concept a abouti à la création d’un réseau qui comprend aujourd’hui 200 établissements scolaires et plus de 1200 professeurs qui rédigent des livres de manière collaborative,” souligne le proviseur de ce lycée de Brindisi, Salvatore Giuliano.Cette expérimentation a été rendue possible par la large autonomie accordée aux écoles à la fin des années 90. Depuis lors, des enseignants et des experts élaborent des directives nationales, un cadre dans lequel les écoles sont libres de concevoir leur offre pédagogique.
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