Le TAFTA, un accord (presque) mort
par euronews-fr
Ce jour-là dans les rues de Barcelone, c’est manifestation anti-TAFTA. Le TAFTA ou TTIP, c’est un projet d’accord de libre-échange entre les États-Unis et l’Union européenne. Washington et Bruxelles négocient dans le plus grand secret depuis 2013 mais les discussions se sont enlisées. Au point que le projet soit presque enterré. « Avec ce traité, nous tuons les États. » Barack Obama espérait signer le contrat avant la fin de son mandat. C’est raté. Mais le combat contre le TAFTA continue de mobiliser des millions de citoyens à travers toute l’Europe. « Notre démocratie est en danger », explique Lucía Bárcena Menéndez, coordinatrice de l’organisation Ecologistas en Acción. « Avec le TAFTA, nous pourrions perdre notre souveraineté en tant que peuples. Avec ce traité, nous allons transférer nos pouvoirs, nos institutions publiques aux mains des grandes corporations. En gros, avec ce traité, nous tuons les États. » Le TAFTA, la rue est contre mais de nombreuses entreprises européennes sont pour. Selon elles, le traité leur ouvrirait les portes du marché américain en réduisant les droits de douane et en harmonisant les normes qui permettraient de faciliter les échanges. Direction Madrid, au siège de l’association espagnole de l’industrie de l’accessoire automobile. Ceintures de sécurité, feux arrière, pédales de freins, toutes les pièces fabriquées en Europe doivent être certifiées deux fois, de chaque côté de l’Atlantique. Idem pour les pièces fabriquées aux États-Unis exportées vers le Vieux Continent. Pour l’industrie de l‘équipement automobile américaine et européenne, cela représente un manque à gagner de 11 milliards d’euros par an. « Lorsque l’on met nos produits en conformité avec les normes américaines, on augmente nos coûts de production de 26 % », regrette Emilio Varela Sieira, vice-président de l’association espagnole de l’industrie de l’accessoire automobile. « Avec le TAFTA, nous pourrions augmenter notre chiffre d’affaires, augmenter la rentabilité et embaucher. Avec 20 % de chiffre d’affaires en plus, l’industrie de l‘équipement automobile pourrait créer 15 000 emplois en Espagne. » Harmoniser les normes, pourquoi pas. Mais les opposants au TAFTA craignent un nivellement par le bas. À Barcelone, nous voici dans un magasin de cosmétiques, qui appartient à une multinationale qui emploie près de 15 000 personnes dans le monde. Ici, on est contre le TAFTA parce qu’il alignerait les strictes réglementations sanitaires européennes sur les standards américains plus permissifs. « Avec le TAFTA, nous perdrions beaucoup en matière de protection contre les produits chimiques dangereux dans la cosmétique », craint le gérant Victor Manuel Bernal Santos. « En Europe, il y a près de 1 300 produits et substances chimiques dont l’usage est interdit en cosmétique. Aux États-Unis, il y en a seulement 11. Là-bas, il peut y avoir du plomb dans les rouges à lèvres par exemple, alors que dans ceux que nous fabriquons ici, il n’y en a pas. » P
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