Une famille de Gémenos se lance dans un tour du monde chargé en émotions
par La Provence
À l’été 2022, la famille Nivet - Nathalie, Benoît et leurs cinq enfants de 4 à 14 ans - a quitté sa maison de Gémenos pour arpenter la planète bleue. À quelques mois de leur retour, la mère globe-trotteuse raconte leur périple, leurs aventures, les nombreux pays traversés, les peuples rencontrés. Naturellement, leur vision du monde en a été révolutionnée. Nous ne sommes plus les même aujourd’hui, nous avons vu tellement de choses." À l’été 2022, la famille Nivet a fermé à double tours sa maison de Gémenos pour un long, très long voyage autour du monde. Retour prévu ? Août 2024. Deux ans, il faut bien tout ça pour découvrir quelques secrets que recèle la planète bleue, en "sortant des sentiers battus". Dans les valises du couple cinquantenaire, leurs cinq enfants : Emmy, 14 ans, Raphaël, 13 ans, Nathan, 11 ans, Nina, 9 ans et la petite dernière, Agathe, 4 ans. "On a mangé du chien, du rat…" Passons rapidement sur les aspects pratiques. Les finances ? Des économies, la maison en location temporaire et un peu de télétravail. La scolarité des enfants ? Des livres, des cours envoyés par les profs ou le Cned "On travaille quand on s’arrête un peu dans des lieux qui ne sont pas forcément intéressants", détaille Nathalie. Et l’objectif ? "Faire le tour de la Terre, même si on n’était pas des grands voyageurs, pour comprendre qu’elle place minuscule on occupe dans le monde. Voir le beau - et le moins beau aussi - tous ensemble." À l’écouter, le pari est réussi. C’est le départ, direction l’Égypte, puis l’Afrique du Sud, et très vite la Namibie, où… tout aurait pu s’arrêter. "Nous avons eu un accident, deux des enfants ont été éjectés de la voiture, et un de nos fils est resté coincé sous le véhicule. Nous avons eu de la chance : alors que nous étions sur une piste isolée, des touristes allemands sont arrivés et nous ont aidés." Retour express à Windhoek, la capitale. Et son hôpital, "où nous avons été très bien soignés". Échaudés, ils pensent abandonner. Pas longtemps. Juste le temps de se remettre sur pied. "Nous sommes repartis camper seuls au milieu de nulle part, on entendait les hyènes, leurs cris si particuliers. On s’est dit : ça y est, on reprend l’aventure !" En route donc pour l’île de la Réunion, l’île Maurice, l’Inde, le Sri Lanka, le Népal, la Thaïlande, le triptyque Cambodge, Laos, Vietnam, puis le Japon, la Corée du Sud, puis on en passe jusqu’à la Papouasie-Nouvelle-Guinée, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, Tahiti et, actuellement, les États-Unis. Le confort ? Il a parfois - souvent - fallu faire une croix dessus. Des nuits d’insomnie à cause du froid, malgré gants, anoraks et sacs de couchage. Il y a eu la faim - "On a mangé les denrées que nous devions envoyer en France pour offrir" -, la chaleur, l’extrême fatigue, la peur aussi…"L’important, ce n’est pas de dormir dans un lit, c’est juste de n’avoir pas trop chaud ni trop froid !" Mais ces désagréments statutaires comptent bien peu au regard de la joie de la découverte, des rencontres, notamment à travers des invitations à des mariages, des enterrements, des fêtes et cérémonies. Ce qui signifie : faire honneur aux mets proposés. "On a mangé du chien, du rat - on déteste ! -, de la chauve-souris - on adore ! -, du serpent. On sait que cela peut choquer, mais c’était de vraies découvertes." Ils se souviendront longtemps de ses plongées dans des cultures tout autre. Comme chez Les Torajas, ce peuple de l’île de Sulawesi (Indonésie) qui pratiquent une tradition appelée Ma’nene. Tous les trois ans, lors d’un rituel, les corps des défunts sont déterrés, rhabillés de neuf et recoiffés. "Nous y avons assisté, un de mes fils prenait des photos", se souvient la mère de famille. En Papouasie-Nouvelle-Guinée, la famille a pu partager le quotidien d’"hommes crocodiles" qui perpétuent un rituel de passage de l’enfance à l’âge adulte en se scarifiant. Une fois cicatrisée, leur peau ressemble à celle du célèbre saurien. "Nous avons croisé mille cultures différentes qui sont toujours d’actualité, commente aujourd’hui Nathalie. De tout ça, les enfants retiennent que la France est un petit pays, très particulier dans sa manière de penser. Ils ont vu tellement d’autres cultures." Puis elle fait ce constat : "On a plus appris de ceux qui n’ont rien que de ceux qui ont tout", en reconnaissant que "voyager avec des enfants simplifie les choses, ils permettent de créer des liens plus facilement". Sans compter que la vie à sept au quotidien est déjà une aventure en soi. "On n’a pas l’habitude, c’est parfois un peu dur, on ne peut pas vraiment s’isoler quand on s’engueule. Au Japon, comme tout est très cher, nous dormions tous dans la même chambre. Mais les enfants sont très proches, ils s’entendent bien. Et ils ont vite compris que l’on était tous dans le même bateau, qu’il fallait faire des efforts. On s’est réparti les tâches, chacun sait ce qu’il doit faire." Outre tous ces aspects, ce périple a permis à la famille de prendre conscience de… la réalité du dérèglement climatique. "Je n’étais pas écolo, mais ses conséquences sont parfois beaucoup plus prégnantes qu’en France. En Namibie, les Himbas nous expliquaient que quelques années en arrière, ils devaient faire moins d’un kilomètre pour aller chercher de l’eau. Aujourd’hui, c’est plutôt de l’ordre de 10 km. Au Népal, nous n’avons pas trouvé de neige en dessous de 5 500 mètres. Selon nos guides, ce n’était pas le cas il y a seulement dix ans." Une prise de conscience qui pourrait influencer leur mode de vie une fois revenus au Pays d’Aubagne. D’ailleurs, comment appréhendent-ils leur retour à la vie sédentaire, et au train-train quotidien ? "Les enfants sont très contents de retrouver leurs amis, mais ils ont bien conscience qu’ils seront en décalage." Pour les parents aussi, ce sera "fini la vie de maboule". Mais Nathalie a des projets : "Je vais peut-être créer un magazine pour les ’tour-du-mondistes’, et une association humanitaire de soutien à des villages du nord du Laos." Tout ça au calme, depuis leur maison de Gémenos… François RASTEAU
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