L'autre face de Pierre Vassiliu
par Courrier picard
Oui Anne-Charlotte, je vous ai ramené deux disques somptueux dans lesquels il est urgent d’embarquer pour fuir cette période quelque peu morose. Deux disques consacrés à un auteur compositeur interprète français parfait mais méconnu mort en 2014, que moi-même j'ai découvert sur le tard, grâce à ces deux très belles compilations qui rendent hommage à l’extraordinaire inventivité de ce grand monsieur moustachu avec des airs de pépère pervers, Pierre Vassiliu. Vous allez me dire "Qui c'est celui-là ?" Une question que beaucoup de français la posaient en 1973 lorsque Vassiliu cartonnait avec sa chanson intitulée justement "Qui c'est celui-là". Ca vous rappelle peut-être quelque chose, on écoute. Ce tube ultra-connu, son seul tube d’ailleurs, qui avait atteint la première place du hit-parade en France en 1973 est l’arbre qui cache la forêt d’une discographie extrêmement riche, qui emprunte à des dizaines de genres différents : la bossa nova brésilienne, l’afrobeat nigérian, le maloya réunionnais, le soukous congolais, le jazz-funk américain et j'en passe ! Pierre Vassiliu c'est un peu comme Nino Ferrer. L'histoire n'aura retenu que quelques tubes pas du tout représentatifs de leurs immenses talents respectifs. Il n'a pas laissé à l'époque sur la chanson française l'empreinte qu'il mérite. Mais qu'à cela ne tienne, 6 ans après son décès, le très bon label Born Bad Records a réédité deux compilations essentielles, VRAIMENT essentielles j’insiste, pour tous les amateurs de BONNE musique française. Et pour les autres aussi d’ailleurs. La première, FACE B, met en lumière avec 12 titres ce que ce pur gaulois savait faire de mieux : amuser et émouvoir. Dans cette première compilation, on trouve justement la FACE B de son seul et unique et unique tube. Un titre qui commence par ce mantra : "Je cherche encore une qui voudrait bien de moi ce soir un quart d'heure" Une chanson comme on n'en fait plus, ou plutôt comme on ne peut plus en faire. (Ca raconte une balade perverse dans le Bois de Boulogne à la recherche de sexe tarifé qui va se transformer en coup de foudre) Vassiliu il se touve quelque part entre Boby Lapointe qu’il admirait, Boris Vian, Georges Brassens et le Gainsbourg des débuts C’était un bonhomme de son époque. Un moustachu un poil graveleux, un amoureux des femmes et des mots. C'était un vrai personnage avec sa moustache aussi grosse que ses joues et que son ventre, sa nature sensible, son esprit hippie et son sourire coquin. Parce qu'il en racontait des cochonneries. Et il est là le génie de Vassiliu. Arriver à faire marrer avec jeux de mots, graveleux tout en arrivant à faire voyager les oreilles les plus aguerries au rythme des musiques du monde. Justement la seconde compilation est consacrée à ses chansons empruntées aux musiques du monde et notamment aux musiques noires dont il était l’un des meilleurs promoteurs et l’un de ses plus étonnants interprètes. Vassiliu c’était un voyageur et de ses voyages il a ramené des rythmes, des mots et des instruments. Je le disais tout à l’heure on retrouve de la musique bresilienne avec le titre « initiation », de la musique antillaise avec « Spiderman » et « Moustache ». Et puis dans cette compilation il y a ce petit bijou d’afrobeat avec le batteur légendaire Tony Allen. Le morceau s’appelle « ça va ça va ». On écoute. Ces deux compilations c’est vraiment un gros gros coup de cœur. J’ai été ébloui par la richesse de sa musique et la qualité de ses textes. Vassiliu c’est un chanteur parfait et inconnu comme on en fait plus. Mais c’est pas grave ces deux disques sont là pour lui redonner ses lettres de noblesse. C’est disponible en vinyle, en CD et sur les plateformes de streaming.
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