Christian Holl, ce chasseur de sons gardois qui enregistre la mélodie du monde
par La Provence
LA RENCONTRE DU LUNDI. Le Gardois a été chargé par l’Unesco de revaloriser le patrimoine mondial. Musicien, acousticien et ethnologue, ce "chasseur de sons" fait l’éloge du vivant dans tous ses états avec ses captations impressionnantes. Enfant, il voulait être égyptologue. Il sera musicien. Inscrit à la Sacem à 10 ans, le petit Christian Holl suit une trajectoire précoce dans le monde de la chanson. À 14 ans, le voilà déjà au Petit Conservatoire de Mireille (programme TV des années 60-70) en compagnie de Michel Berger et Françoise Hardy. Sa carrière est lancée avec la reconnaissance du prix du "Best Music Composer Award". Il compose tous azimuts, quelques musiques de pub, des albums pour enfants et des chansons pour Michèle Torr ou encore Georges Chelon. Avant qu’un accident de la vie ne vienne arrêter nette cette ascension artistique. "Il y a 25 ans, je suis passé de la stéréo au mono", se souvient, avec le sourire, Christian Holl. Atteint d’une tumeur au cerveau, il se réveille après un mois de réanimation avec une demi-hémiplégie du système ORL et cette interrogation : "Que vais-je faire ?" La réponse sera vite trouvée : "Quand on sort vivant d’une telle aventure, on ne peut qu’être heureux." Il n’aura alors de cesse de rendre à la vie ce cadeau en la mettant à l’honneur. Depuis, celui qui se surnomme "le porte-oriflamme de l’âme sonore du monde" est devenu "chasseur de sons" pour faire l’éloge du vivant dans tous ses états, animal, végétal et minéral. Des milliers de grelots dans les entrailles d’un arbre Une passion qu’il découvrira alors qu’il avait élu domicile dans les arbres pour observer les derniers lions d’Asie, mangeurs d’Homme. "L’oreille collée au tronc, j’ai perçu une cathédrale de bois sonore, j’ai entendu des milliers de grelots, j’étais médusé." Il lui faudra six mois pour trouver la technique lui permettant d’enregistrer au cœur de la matière et révéler ainsi la partition secrète de la planète. Séduite par sa démarche, l’Unesco le chargera alors de valoriser ce patrimoine mondial insoupçonné. Depuis, armé de micros, capteurs et autres stéthoscopes, il traque les ondes acoustiques pour conter l’histoire d’un pays à travers des sonorités inaudibles à l’oreille humaine : l’écoulement de la sève et de l’eau dans les cavités spongieuses des baobabs, la pulsion cardiaque des varans de Komodo.Parmi ses souvenirs les plus marquants, la découverte de la prison du Petit Canal pour la réalisation de Carnet sonore de Guadeloupe (présenté en 2023 au Festival des Escales Voyageuses d’Avignon) : "Dans cet endroit majestueux, beau et triste, où des esclaves africains récalcitrants furent enfermés et y subirent d’atroces tortures, j’ai pu capturer des sons poignants évoquant les larmes qui coulent."
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