Au Mucem, les saltimbanques entrent "en piste !"
par La Provence
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" écrivait Lamartine. La réponse est oui, à l’évidence, pour les visiteurs de En piste ! Clowns, pitres et saltimbanques, qui fait dialoguer des objets pauvres, perruques ou malles de clowns par exemple, avec des chefs-d’œuvre emblématiques, une acrobate de Niki de Saint Phalle, un Arlequin de Picasso, le célèbre tableau Crispin et Scapin d’Honoré Daumier prêté par le musée d’Orsay, des films de Wim Wenders ou de Charlie Chaplin. "J’ai invité beaucoup de monde, des clowns, des sculpteurs, des cinéastes", sourit Macha Makeïeff, ancienne directrice du théâtre de La Criée et commissaire de l’exposition au côté de Vincent Giovanni, conservateur du Musée national. "C'est une célébration de nos vies d'artistes" Leur exposition est une déclaration d’amour aux saltimbanques, aux artistes en général. "C’est une célébration de nos vies d’artistes, poursuit Macha Makeïeff. Comme la trapéziste de Wim Wenders, on essaie d’aller toujours plus haut, parfois malheureusement, on retombe. Je crois à une certaine transcendance dans l’art." L’exposition prend tout son sens au Mucem, héritier du Musée des arts et traditions populaires qui détient un important fonds sur le spectacle vivant. Macha Makeïeff a puisé dans ses réserves, mais aussi dans ses propres collections. Ainsi des animaux empaillés -chien, autruche, lion, perroquet- qui ont tous figuré dans ses spectacles, apportent une présence particulière et rendent hommage au cirque traditionnel. "Dans le cirque animalier, que notre société a effacé, il y avait de la maltraitance, c’est vrai, mais il y avait aussi souvent une vraie fusion entre l’homme et l’animal, et une proximité avec la splendeur animale", plaide-t-elle. Imaginée comme un "spectacle immobile" Imaginée comme un "spectacle immobile" Le visiteur est d’abord accueilli dans un vestibule où trônent deux toiles de Lucien Simon sur la vie foraine, ses roulottes vertes et ses bonimenteurs. Puis on pousse des rideaux pour entrer, comme dans un chapiteau, et on découvre la piste aux étoiles. L’exposition a été imaginée comme un "spectacle immobile" avec le talent et l’œil de la metteuse en scène. On déambule avec plaisir le long de stands de tir, ou d’une roulotte où sont exposés les objets personnels de Bartabas. Sur la première scène, dédiée au funambule, un trapèze usé voisine avec une acrobate de Niki de Saint Phalle, La nana noire upside down, et des images de Chaplin et des Ailes du désir de Wim Wenders. De ces correspondances se dégage une poésie. "La nana noire upside down de Niki de Saint Phalle nous a été prêtée par le musée de Nice. Elle fait une galipette, nous l’avons détournée en circassienne", précise Vincent Giovanni. Plus loin, avec humour toujours, des mannequins défilent sur un podium comme à la fashion week arborant de somptueux manteaux de clowns, faits de paillettes et de sequins. Un cousinage inattendu entre le cirque et la haute couture.
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