À Saint-Cannat, la colocation comme des étudiants… mais à 99 ans

À Saint-Cannat, La Maison Marguerite est une colocation de personnes âgées unique dans le département. Alternative à l'Ehpad mais aussi à la solitude du maintien à domicile, elle a rendu leur joie de vivre, et leur autonomie, à ses habitants. Dans la salle à manger de cette bâtisse à Saint-Cannat, Nicole, Josette et Gabrielle lisent chacune leur magazine. Femme Actuelle Senior et son numéro spécial arthrose trône au milieu de ces dames. L'activité peut paraître solitaire, mais ce qui change tout, c'est qu'elles le font ensemble. Avoir une présence quotidienne, cela faisait longtemps que cela n'était pas arrivé à Gabrielle, 99 ans et doyenne de ces lieux. Ses trois enfants sont éparpillés en France et à l'étranger. Malgré son âge, Gabrielle n'est pas "dépendante". Dans son cas, l'Ehpad n'est pas une solution adaptée, alors la colocation entre personnes âgées est une formule hybride pour éviter de rester seule chez soi. L'Ehpad, Claude, lui y est allé, malgré son autonomie. "Je me suis enfui au bout de deux jours", lance-t-il. Sa chambre, au premier étage de la maison de 400 m², est habillée des meubles de ses aïeuls. "Vous les jeunes, vous préférez aller chez Ikea maintenant", commente-t-il, en zieutant fièrement son nouvel espace de vie. Rompre l'isolement Le "coq de la basse-cour", comme ses colocataires s'amusent à l'appeler, n'a pas la langue dans sa poche. Et pour chanter les louanges de la colocation non plus. "Pour me faire partir d'ici il faudra utiliser un lance-pierre… Sauf si ma femme voulait s'y installer, auquel cas je partirai de moi-même !", argumente-t-il avec un brin d'ironie. Claude, c'est la caution masculine et humoristique de la maison. En témoignent les rires affectueux de Léa et Audrey, les maîtresses des lieux et porteuses du projet Maison Marguerite (lire ci-contre). Elles ne se connaissaient pas il y a encore un an et ont des parcours bien différents. Pourtant, leur envie de donner la chance à des personnes âgées de mieux vieillir les a réunies. Audrey Terrasse, 48 ans, a déjà ouvert une Maison Marguerite en Haute-Loire. "Mes parents étaient vieillissants et devaient aller en Ehpad, j'ai alors regardé s'il y avait d'autres solutions. J'ai ouvert ma colocation il y a deux ans et demi. Mon père a quand même transité en Ehpad mais je l'ai sorti et aujourd'hui il est toujours dans la colocation", se réjouit Audrey. Léa Bachelery, 28 ans, a aussi connu l'Ehpad, d'une autre manière. "J'étais cadre dans un établissement mais je n'étais pas en adéquation avec les valeurs. En Ehpad, ils sont souvent renfermés, il n'y a pas cette inclusion dans la vie quotidienne qu'ils peuvent avoir ici". À force de recherches, elle finit par tomber sur le réseau des Maisons Marguerite et se lance dans l'aventure avec Audrey. Elles font l'acquisition de cette grande maison en plein cœur du village de Saint-Cannat et la font rénover entièrement pour qu'elle soit adaptée à des personnes âgées. Chaque colocataire a sa propre salle de bains et toi