Mentir sur votre profil LinkedIn pourrait avoir des conséquences... dans la vraie vie
Qui n'a jamais gonflé un peu son CV, avec une ou deux compétences ou expériences fictives en plus... Ou légèrement exagérées ? Mais aujourd'hui, le faire publiquement sur LinkedIn pourrait vous porter préjudice dans la vraie vie.
La Cour de Cassation a rendu un verdict à la fin de l'année 2022, qui fera jurisprudence dans le futur : si vous affichez des compétences publiquement sur votre profil professionnel, vous pourrez avoir à faire face aux responsabilités qui en découlent, mais pas uniquement en ligne.
Ne mentez pas sur votre profil LinkedIn, cela pourrait se retourner contre vous
Vous connaissez sûrement LinkedIn : c'est LE réseau social professionnel, créé il y a 20 ans, et sur lequel de nombreux professionnels et entreprises publient chaque jour pour partager leurs compétences, expériences et conseils.
C'est également l'une des plateformes privilégiées pour la recherche d'emploi. Car sur LinkedIn, vous pouvez afficher tout votre parcours professionnel et académique : diplômes, stages, mais également les différentes entreprises dans lesquelles vous avez travaillé.
Pour un profil encore plus précis pour séduire les recruteurs et impressionner vos pairs, vous pouvez également mettre en avant certaines de vos compétences : le management d'équipes, la communication, la logistique ou encore votre sens inné de la comptabilité.
Oui mais voilà : faites attention à ne mettre que des compétences réelles car en cas de litige... Ça pourrait se retourner contre vous.
Type de compétences affichées sur un profil LinkedIn
Votre banquier aussi a accès à votre profil LinkedIn
C'est ce qui est arrivé à un entrepreneur récemment, passé devant la Cour de Cassation à la fin de l'année 2022, dans le cadre d'un litige entre lui et sa banque.
On vous donne un peu de contexte : ce professionnel, ancien employé dans la grande distribution, a décidé de lancer sa propre entreprise, un commerce de restauration. Malheureusement, le projet n'a pas abouti et l'entrepreneur a dû mettre la clé sous la porte.
Sauf que, pour financer son ambition, celui-ci avait contracté un crédit professionnel auprès d'une banque. Dans ce type d'accord, il faut qu'une personne physique ou morale se porte caution : l'entrepreneur a décidé, au moment de la signature, d'être sa propre caution.
Le restaurant ayant fait faillite, la banque a demandé à la caution (donc l'entrepreneur, on vérifie que vous suivez bien) de rembourser la dette contractée. Pour s'en défaire et surtout éviter de rembourser la somme, le mis en cause décide d'invoquer la nullité du cautionnement. Il l'a alors réclamée en disant que la banque aurait dû le mettre en garde contre le fait de prendre ce type d'engagements, car cela dépassait ses compétences, mais aussi ses capacités personnelles et professionnelles.
Cependant, ce type de mise en garde par les banques ne se fait que si celle-ci considère la personne comme « non avertie ».
Mais, et c'est là que LinkedIn intervient : sur le réseau social professionnel, l'entrepreneur se décrivait comme particulièrement compétent en « management, business development, business analysis, gestion d'équipes et négociations ». Il y mettait aussi en valeur son expérience dans le domaine commercial, et des qualifications académiques en gestion.
La banque a considéré qu'il était donc parfaitement compétent en la matière lorsqu'il s'est porté caution de son crédit.
Lors de son procès en appel, « ce client n'a pas droit aux avertissements que le banquier est tenu de donner aux profanes, au risque de ne pas pouvoir recouvrer sa créance le jour venu » ont conclu les juges. La Cour de Cassation a tranché : la décision de la Cour d'Appel est validée.
Moralité : les informations partagées sur les réseaux sociaux sont publiques, y compris dans ce cas de figure. Faites donc attention à ce que vous y partagez.
publié le 20 janvier à 07h57,