En famille

Les impacts du cybersexisme sur les adolescentes

Blanchiment des dents, pomegranate makeup, guasha... On ne compte plus les tendances Tik Tok, souvent dangereuses pour la santé, dédiées à l'apparence physique des jeunes femmes. Renforcés par la popularité des stars de télé-réalité qui ont longtemps su tirer profit des réseaux sociaux, les stéréotypes de genre ont laissé une profonde empreinte sur la Toile, marquant au passage une génération d'adolescentes biberonnées aux contenus sexistes.

Si les réseaux sociaux permettent de faire de formidables découvertes, ils accentuent les préjugés de genre, déjà bien ancrés dans la société, où les adolescentes en phase de construction cherchent alors à se conformer aux normes de beauté et aux attentes sociales. Cette quête d'acceptation et d'approbation expose particulièrement celles qui partagent des photos ou vidéos d'elles-mêmes sur les plateformes, ce qui les rend plus vulnérables aux critiques, aux jugements et aux commentaires sexualisés.

La mécanique sexiste des cyberviolence

Le Centre Hubertine Auclert qui œuvre pour l'égalité femmes-hommes, décrit chacune des étapes de la mécanique sexiste des cyberviolence :

Pour gagner en popularité, les filles sont incitées par le groupe à se mettre en scène, notamment à publier des images d'elles.

Les images de leur corps sont davantage commentées, notées, jugées, sexualisées... et rediffusées sans leur accord : cela leur échappe, comme si leur corps et leur image ne leur appartenaient pas.

Leur vie privée est davantage observée et commentée.

Les garçons gagnent en popularité en accumulant des photos de filles (et en prouvant ainsi leur hétérosexualité), alors que les filles craignent d'être exposées à des violences suite au partage de ces photos.

Les filles sont culpabilisées lorsque leurs images sont diffusées sans leur consentement, notamment en cas de revenge porn, alors que ce sont les personnes qui les ont diffusées qui sont coupables.

Ainsi, le quotidien en ligne des jeunes filles peut être particulièrement violent, bien au-delà de simples commentaires négatifs. De nombreuses adolescentes sont exposées à des risques tels que le harcèlement sexuel, le slut-shaming (humiliation basée sur la sexualité perçue), ou encore des pressions pour envoyer des images intimes. Certaines font même face à des tentatives de chantage, comme la sextorsion, aux conséquences graves sur la santé mentale. Le manque d'éducation numérique et la pression pour s'intégrer dans les codes de la "culture des réseaux" les exposent donc davantage aux cyberviolences.

Cybersexisme rime aussi avec racisme. Ainsi, les jeunes filles noires en particulier subissent sur les réseaux sociaux une violence décuplée, provoquant la création du #AntiHSM sur , signifiant « anti harcèlement sexuel misogyne et misogynoir ». Homophobie et validisme (discrimination envers les personnes en situation de handicap) sont aussi un facteur multiplicateur du sexisme en ligne.

Vers un environnement numérique plus sécurisé pour les adolescentes

Pour combattre efficacement le cybersexisme et protéger les adolescentes, il est essentiel de sensibiliser les garçons dès leur jeune âge. Si, en tant que parent, la tâche semble délicate, ce sujet concerne également la vie hors ligne, et votre enfant vous remerciera de lui avoir permis de développer des relations plus saines. Pour cela, offrez-lui un espace de dialogue serein où il peut se sentir en confiance et se livrer sans jugement. Vous pouvez commencer par lui poser des questions pour comprendre ce qu'il sait déjà.

Commentaires désobligeants sur l'apparence, remarques sexistes, pressions pour envoyer des photos intimes... En définissant clairement ces comportements, vous permettrez à votre enfant de mieux reconnaître les différentes formes que le cybersexisme peut prendre, que ce soit en tant que cible, auteur ou témoin. Vous pouvez ensuite lui apprendre la notion de consentement, liée au respect. Impliquer les garçons dans cette discussion peut transformer leurs comportements en ligne et les amener à agir en alliés.

Enfin, discutez des pratiques sécurisées sur les réseaux sociaux, comme le paramétrage pour préserver la confidentialité de ses comptes, le fait d'être sélectif dans ses partages, et d'éviter de divulguer ses informations personnelles. Balayez la pression des « likes » et des commentaires, en lui rappelant que, finalement, la validation en ligne n'est pas une mesure de sa valeur personnelle.

publié le 15 octobre à 10h46,

Liens commerciaux