Réforme de la justice des mineurs: pourquoi ils disent "non"
par humanite-fr
"Attention justice des enfants en danger !". Unis sous le même mot d'ordre, éducateurs, avocats, magistrats et autres professionnels de l’enfance ont manifesté contre la réforme de la justice des mineurs, qui prévoit un nouveau code de justice pénale. Les professionnels du secteur se sont donnés rendez-vous sur le parvis du tribunal de Bobigny, lieu symbolique pour la justice des mineurs, car premier tribunal pour enfants de France en terme d’activité, tristement connu pour son manque de moyens et de personnels.A l’occasion d’un appel à la grève, ils ont une nouvelle fois contesté cette réforme de la justice des mineurs, jugée plus répressive qu’éducative. Ce nouveau code de justice pénale, contesté tant sur la forme que sur le fond, est en phase d’examen final à l’Assemblée nationale.« Il y a un certain nombre de principes à l’intérieur de ce code, qui ne correspondent pas à ce que nous défendons nous, une justice éducative des enfants de notre pays », regrette Vito Fortunato, éducateur de la protection judiciaire de la jeunesse, et secrétaire national de la SNPES-PJJ. Cet éducateur, au plus près des jeunes sur le terrain, s’alarme par ailleurs des conséquences délétères que risquent d’avoir certaines dispositions du nouveau code. L’accent étant mis sur l’accélération des procédures, Vito Fortunato et ses collègues assurent que c’est bien la qualité du travail éducatif qui en pâtira, alors que les éducateurs sont déjà sous pression.Dominique Attias, avocate et membre du Conseil de l’Ordre du barreau de Paris, prend la parole lors de la conférence de presse pour rappeler que la France est le pays en Europe qui incarcère le plus de mineurs. « C’est une philosophie assez particulière, qui veut dire que l’on enferme nos enfants plutôt que de les éduquer » analyse Myriam Baghouli, avocate du barreau de Seine-Saint-Denis et membre du Syndicat des Avocats de France. L’avocate déplore que les moyens engagés dans le budget de la justice soient en priorité fléchés vers ces centres fermés, en dépit des centres ouverts, plus éducatifs, qui souffrent d’un manque chronique de moyens.La teinte répressive de cette réforme de la justice des mineurs passe d’autant plus mal auprès des professionnels qu’il est décoléré des chiffres de la délinquance des mineurs. « Les statistiques, les études, ne démontrent pas d’augmentation de la délinquance » souligne la juge des enfants Lucille Rouet, secrétaire nationale du Syndicat de la Magistrature. Plus encore, cette approche répressive de la justice des mineurs fait oublier que ces « mineurs sont au départ des enfants en danger » défend Sophie Legrand, également juge des enfants et secrétaire générale du Syndicat de la Magistrature. Auparavant conçue comme une justice à part entière, « la justice des mineurs ressemble de plus en plus à la justice des adultes » s'attriste la juge Sophie Legrand. SUIVEZ L'HUMANITÉTous nos articles : https://www.humanite.fr/Facebook : https://fr-fr.facebook.com/humanite.fr/Twitter : https://twitter.com/humanite_fr
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