Les grands entretiens de Stéphane Blakowski "Société civile" - Jean-Noël Jeanneney
par LCP
Jean-Noël Jeanneney est tombé « dans le chaudron » de la politique quand il était enfant, il est vrai qu'il est issu d'une famille où on est politisé de père en fils : son père Jean-Marcel a été plusieurs fois ministre sous la présidence de Charles de Gaulle, son grand-père, Jules également sous Raymond Poincaré. Bercé donc dans le monde politique il combine cela à sa profession d'historien pour intégrer les codes tout en maitrisant les institutions. C'est François Mitterrand qui lui met le pied à l'étrier en le faisant rentrer aux affaires publiques puis lui propose un poste dans son gouvernement. Il se met donc avec sa famille devant la télévision et assiste « le coeur légèrement battant » à sa nomination. 45ème ministre sur 45 noms cités, il n'empêche qu'il ne garde que l'euphorie de ce grand aboutissement. Témoin direct il prend plaisir à voir l'histoire se faire et à y contribuer en tant qu'homme de son temps qui veut agir et défendre les causes qui lui tiennent à coeur. C'est ce qu'il fait en instaurant le dépôt légal de l'audiovisuel se mettant « au niveau de François 1er » ou en menaçant de quitter son poste pour protester contre la suppression de la redevance audiovisuelle. Il mélange son expérience d'historien et les leçons de politique qu'il a reçu de son père et de son grand-père pour mener au mieux son rôle et éviter les pièges. Après avoir quitté le gouvernement, il reprend sa profession d'origine. Sa vie d'homme politique est une parenthèse riche durant laquelle il aura pu poser sa pierre à l'édifice tout en introduisant « un peu de littérature dans les discours techniques ». En 1988, dans son discours de politique générale, Michel Rocard s'inquiétait déjà de la défiance croissante entre les citoyens et leurs représentants. Pour afficher sa volonté de "réconcilier l'État et la société civile", le nouveau Premier Ministre confiait donc le Ministère de la Santé au Professeur Schwartzenberg, une sommité en médecine mais un novice en politique. Neuf jours plus tard, l'éviction de Léon Schwartzenberg rappelait qu'on ne s'improvise pas ministre si facilement.La politique est-elle une vocation ou un métier ? Contrairement à ce que croient beaucoup de gens, disait Le Président Chirac en 2004, la politique n'est pas seulement une vocation, c'est aussi un métier qui demande une formation. Il justifiait ainsi l'éviction de tous les ministres de la société civile du nouveau Gouvernement Raffarin.Aujourd'hui, la question se pose avec la même acuité. Lors de sa première campagne, le candidat Macron s'était vanté de ne pas "être un professionnel de la vie politique". Pourtant, quasiment aucun ministre de la société civile ne figure dans le nouveau Gouvernement de Gabriel Attal ...Pourquoi est-il si difficile d'être ministre lorsqu'on est novice en politique ? Quatre personnalités ayant vécu cette expérience à différentes époques, nous livrent leurs témoignages : former un cabinet, organiser des déplacements, faire sa place dans un milieu e
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