LCP : Portrait du nouveau Premier ministre
par LCP
C’est son profil de modéré et de fin connaisseur des députés qui a fait accéder Jean-Marc Ayrault à Matignon, face à l’autre favorite, Martine Aubry.A 62 ans, le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale depuis 1997 est le Premier ministre de François Hollande et devient donc le chef du gouvernement. C’est l’article 21 de la Constitution qui lui définit son statut : il "dirige l’action du Gouvernement" et fixe en principe ses orientations politiques qui - hors cohabitation - sont celles du président de la République.François Hollande qui veut redonner du pouvoir aux corps intermédiaires et au Parlement a également spécifié dans sa célèbre anaphore du débat télévisé avec Nicolas Sarkozy qu’il ne "traiterait pas (son) Premier ministre de collaborateur". Le nouveau chef de l’État a précisé qu’il ne "veut pas être président de tout". Le Premier ministre aura-t-il donc à ce titre plus de marges de manœuvres que son prédécesseur ?Un parcours presque sans fauteJean-Marc Ayrault, à l’image de François Hollande, a su rester constant dans son parcours en choyant son assise locale. C’est là sa force et ce qui a pu contrebalancer le "manque de charisme" que beaucoup lui reproche pour l’attribution de ce poste.Après des études supérieures d’allemand qui est un autre de ses atouts majeurs, le nouveau Premier ministre adhère au PS en 1971. En 1973, il devient professeur à Saint-Herblain (banlieue ouest de Nantes). Quatre ans plus tard, il y devient maire. Il est alors, à 27 ans, le plus jeune maire des grandes communes de France.Cette ascension rapide est liée à un changement majeur : Mai 68. Les événements ont bousculé la société, et les formations politiques. Le Mouvement rural de la jeunesse chrétienne auquel il appartient, subit une évolution en adoptant une vision moins conservatrice. Fin des années 70, Jean-Marc Ayrault quitte le MRJC et fait la rencontre de Bernard Hazo, membre de la Convention des institutions républicaines de François Mitterrand. Lors de la préparation du congrès d’Epinay, il donne sa voix à la motion Poperen et adhère officiellement au PS dans la foulée, en 1971.Depuis, Jean-Marc Ayrault a poursuivi sa route sans changer de voie, presque un sans faute. En 1974, il devient secrétaire la section socialiste de Saint-Herblain. Depuis 1989, il est député de la 3° circonscription de Loire-Atlantique. En 1989, il s’empare de la Mairie de Nantes, dès le 1er tour. En 1997, soutenu par Lionel Jospin, il devient président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale jusqu’à la présidentielle de 2012.Ces 15 ans passés à diriger les députés socialistes - et depuis 2002 dans l’opposition - ont forgé sa connaissance des dossiers . Ami de longue date de François Hollande, il est nommé conseiller spécial du candidat PS pour la campagne de 2012. Denis Jeambar, consultant sur LCP déclarait, avant que le choix du Premier ministre soit connu "qu’il correspond au profil que recherche réellement François Hollande et à sa pratique politique". Son bon rapport avec l’ensemble du PS et les députés ont pesé dans le choix du président nouvellement élu.Une condamnation vite oubliéeUn seul fait semble avoir échappé à François Hollande, adepte d’une "République irréprochable". Il avait déclaré dans une interview au JDD du 14 avril, qu’il ne s’entourerait pas, s’il était élu, de "personnes jugées et condamnées". Des propos, par la suite, souvent repris.Car en 1997, condamné pour favoritisme, le député-maire de Nantes écope de 6 mois de prisons avec sursis pour octroi d’avantage injustifié. Il a fait valoir début mai, lorsque cette affaire ressurgit, qu’il "n’a jamais été question d’enrichissement personnel ou de financement politique" et que "sa probité personnelle n’a jamais été mise en cause". "C’est une affaire qui ne me concernait pas intuitu personae mais que j’ai assumée en tant que maire, insiste-t-il, "c’était il y a 15 ans. Je n’ai jamais rien caché, surtout pas aux Nantais qui m’ont depuis réélu deux fois".En 2006, dixit Ségolène Royal, Jean-Marc Ayrault était déjà pressenti pour Matignon. Et LePoint.fr expliquait combien "cet ancien professeur d’allemand de 56 ans veut rester proche de ses habitudes et conserver une vie « normale » malgré ses
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