Gaza : « Quand cette guerre prendra-t-elle fin ? », Reemas, 11 ans
par humanite-fr
Elle était pieds nus, le visage pâle, les mains sales et les vêtements déchirés, marchant d’un pas décidé dans les rues de Khan Younès. Nous ne savions pas où elle allait et nous l’avons suivie. Elle tenait d’une main un bidon en plastique vide et, de l’autre, celle d’une fillette qui n’avait pas plus de 7 ans. Elle s’appelle Reemas Al Shenbari, elle a 11 ans et patiente, avec sa petite sœur, dans la file d’attente d’une distribution d’eau. Quelles douleurs une enfant de son âge a-t-elle pu endurer pour en arriver là ? Reemas a fui Beit Hanoun, une ville de 35 000 âmes à l’extrême nord de la bande de Gaza, pour se réfugier à Khan Younès. « Ma famille et moi, nous avons été déplacées moins d’un mois après le début de la guerre. D’abord, nous sommes allées à Gaza, puis de Gaza à Khan Younès, à pied. Nous avons vu la mort des millions de fois. » Et si Reemas raconte avoir « vu la mort des millions de fois », c’est que l’épuisement, la peur, l’insondable tristesse décuplent son traumatisme. Reemas le sait. À cette heure matinale, elle devrait être à l’école, entourée de ses amis, de ses camarades. Elle devrait jouer et étudier, puis rentrer, après la classe, retrouver sa famille. Les enfants de la bande de Gaza n’ont plus droit au bonheur. Reemas et sa famille sont dix à vivre désormais dans une école de l’Agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), partageant une salle de classe avec deux autres familles de réfugiés. « L’école où nous vivions avant a été bombardée. Tout est détruit, tout est cassé, tout est brûlé », explique Reemas. Alors, chaque jour, la fillette marche plus d’une heure pour remplir son bidon. « Il n’y a plus d’eau dans le réservoir de l’école. On pourrait aussi en acheter, mais nous n’avons pas d’argent. » Sa mère tente, comme elle le peut, de soulager la douleur de ses enfants. Mais elle n’y parvient pas. Leur vie quotidienne est un champ de ruines. La famille n’a pas de toilettes, pas d’eau et nulle part où être protégée. Ici, les routes autre- fois pavées sont devenues des chemins de terre et de cailloux qui blessent les pieds nus de Reemas et des autres enfants de la bande de Gaza. TEXTE ET IMAGES : WADJEEH ABOU ZAREFAH, AVEC SHERIN ABOU HAWAR ET SAED ABOU ZAREFA
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