Angkor ressuscité à Paris
par liberation
Le musée Guimet a présenté cet hiver les moulages réalisés par Louis Delaporte, marin français tombé amoureux de l’art khmer alors qu’il participait à une mission d’exploration du Mékong de 1866 à 1868. En 1873, il suscite une mission pour collecter statues, bas-reliefs et éléments architecturaux dans les ruines des temples, les destinant aux musées français. Il fait aussi réaliser des moulages. «Mais lorsque ses 102 caisses de pièces khmères, dont des originaux, arrivent en France fin 1874, personne n’en veut, le Louvre les refuse", raconte Pierre Baptiste, conservateur en chef du musée Guimet. Elles sont finalement envoyées au château de Compiègne, où Delaporte se charge d’ouvrir un musée d’art khmer, transféré en 1878 au Palais du Trocadéro. D’autres missions suivent : Delaporte dépêche des maîtres mouleurs au Cambodge pour compléter la collection. En 1936, les moulages sont emballés et finissent en 1973 entreposés dans des caves humides de l’Abbaye de Saint-Riquier (Somme). Ils échappent de peu à la destruction en 2011. Le ministère de la Culture décide finalement de les sauver. Certains de ces moulages sont des témoignages inestimables de l’art khmer. Véritables photographies en trois dimensions, ils restituent la finesse de certains bas-reliefs aujourd’hui devenus peu lisibles à cause de l’érosion de la pierre ou de l’éboulement de certaines parties des temples. Selon Pierre Baptiste, «certains moulages font même office d’originaux» suite au pillage des temples khmers dans les années 70 à 90.
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