André Malraux, l'épreuve du pouvoir
par LCP
Auréolé de ses succès littéraires, de son passé d'aventurier au Cambodge et de combattant auprès des Républicains espagnols, André Malraux rejoint en novembre 1945 le gouvernement provisoire que préside de Gaulle. Nommé ministre de l'Information, il reste deux mois en poste. L'expérience a beau être brève, elle scelle entre lui et le général un lien indéfectible. Quand, avec la crise algérienne, de Gaulle est rappelé au pouvoir en 1958, il lui confie de nouveau le portefeuille de l'Information. Mais quelques jours à peine après sa nomination, Malraux, qui fut anticolonialiste dans sa jeunesse, commet une bourde retentissante. Lors d'une conférence de presse, à la question : "Si vous étiez un jeune musulman, seriez-vous un partisan du FLN ?", il laisse échapper : "Si j'étais un jeune musulman, je combattrais peut-être avec les fellaghas." Pour l'entourage gaulliste, il est urgent de l'empêcher de récidiver sur un sujet si sensible. Mais afin de ne pas priver le gouvernement de sa caution intellectuelle, on lui taille un ministère sur mesure, celui des Affaires culturelles - le premier du nom. Il va y oeuvrer dix ans durant, de janvier 1959 à juin 1969, avec des heurts et des réussites. À gauche, l'ancien compagnon de route du Parti communiste passe pour un traître et plus encore, aux yeux des intellectuels. Dans son propre camp, celui du RPF (Rassemblement du peuple français, le parti gaulliste), il est vite considéré comme un ministre incontrôlable. Comment Malraux essaiera-t-il de tirer son épingle du jeu, alors qu'après la mort accidentelle de ses deux fils, en mai 1961, il glisse peu à peu dans la dépression ? En se focalisant sur les périodes qu'il passe au coeur du pouvoir, le film explore les différentes facettes de ce qui fut pour Malraux une impérieuse obsession : réussir l'osmose entre l'écrivain et l'homme d'action, entre l'artiste et le politique. Quelles couleuvres a-t-il avalées ? Quels coups a-t-il pris ? Avec des témoins de choix, parmi lesquels Alain Malraux, Olivier Todd, Catherine Tasca, l'historien Pascal Ory, et de nombreuses archives, Xavier Villetard retrace le destin hors norme d'un homme qui s'est engagé pour démocratiser la culture, et a ouvert une voie royale à ses successeurs.
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