À Gaza, une roquette explose : la vie brisée d'Ousama, 13 ans

par humanite-fr

Du pas de la porte d’entrée de la maison d’Ousama, la scène est difficile à supporter. Le garçon de 13 ans est allongé sur un lit. Il porte un tee-shirt, un pantalon recouvre sa jambe droite. Sa jambe gauche, amputée au-dessus du genou, est exposée aux yeux des visiteurs. Son corps fragile témoigne de la douleur, son regard plein de larmes, du chagrin. Ousama, autrefois, était le pilier d’une famille soudée, l’aîné d’une grande fratrie, une aide précieuse pour sa mère lorsqu’il a fallu, par deux fois depuis le début de cette guerre, que la famille se déplace. Aujourd’hui, il est incapable de bouger, enfermé dans un corps meurtri, prisonnier de son quartier d’Abasan Al-Kabira, à l’est de Khan Younès.« Je jouais au football avec mes parents, mes cousins et mes amis dans la ruelle près de chez moi, se souvient Ousama, quand une roquette, soudain, a explosé juste devant. » Envolés les rêves de carrière spor- tive et les espoirs du jeune garçon. Ne reste plus que les souvenirs d’un bonheur et d’une insouciance d’enfant, détruits en plein vol par une guerre injuste. « Avant, je jouais dans l’équipe de foot de mon école et au Khan Younès Union Club. Tout le monde ici croyait en mon potentiel et me prédisait même un bel avenir dans le football », soupire Ousama.Des larmes coulent sur ses joues. «Ma vie était merveilleuse. J’étudiais, je jouais, je gagnais des tournois, je me promenais avec mes amis et mes cousins... » En un an, tout a basculé et rien ne sera plus jamais comme « avant ». Ousama saisit le téléphone de sa mère et se met à faire défiler les photos. Des clichés de lui, il y a quelques mois à peine, lors de sa victoire au championnat de l’école, à la remise des médailles. « Et là, regardez, il y a même une photo de l’équipe ! ». À nouveau, l’enfant pleure. Repose le téléphone. Submergé de tristesse. Deyaa Abu Mustafa regarde son fils, impuissante. À 36 ans, c’est elle qui a trouvé son fils en sang dans la ruelle. Depuis, elle porte la douleur d’une mère désemparée. « Mon fils était épatant. Tout le monde enviait son énergie, sa vivacité, sa joie de vivre et sa passion pour le foot », confie-t-elle. « Aujourd’hui, il ne parle presque plus. Il aime toujours regarder des émissions sportives, des dessins animés comme Capitaine Majid (Oliv et Tom en français – NDLR), des matchs... Mais ce qu’il veut vraiment, c’est être celui qui joue. » Rassemblée autour d’Ousama, sa famille tente de le convaincre de s’asseoir sur un fauteuil roulant et de sortir un peu. En vain. « Je ne veux pas sortir. Laissez-moi. »

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