Vietnam : une lente transition mais de grandes aspirations
par euronews-fr
Le Vietnam est devenu une économie de marché au début des années 90 et vit un véritable boom économique depuis deux décennies. Mais avec un régime communiste à la poigne de fer, la modernisation de ce pays de 90 millions d’habitants se fait, elle, à un rythme beaucoup plus lent.Le gouvernement, qui détient encore 40% de l‘économie, a commencé en 2012 un programme de privatisations. Le secteur agro-alimentaire est l’un des plus prometteurs, et deux Français sont partis à la conquête du cacao vietnamien. Ils ont créé cette usine de la banlieue d’Hô-Chi-Minh-Ville, et se fournissent auprès de petits producteurs qu’ils sélectionnent.“ Marou est une marque qui reflète certaines choses, la qualité, l’authenticité, le goût et le travail au niveau local. Nous voulons devenir un grand chocolatier artisanal, pas un fabricant industriel “ , explique Vincent Mourou.Ces chocolats sont exportées un peu partout. Et l’influence occidentale commence à être perceptible. L’autre fondateur de la chocolaterie, Samuel Maruta, en donne un exemple :“ Pour la première fois, ils ont introduit quelque chose comme les appellations d’origine contrôlée françaises pour la sauce de poisson Phu Quoc. Je pense que l’Union européenne y est pour beaucoup. Cela montre qu’il y a une tendance à mieux valoriser les produits vietnamiens de qualité. “Avec l‘économie de marché, le Vietnam a vu apparaître une classe moyenne avide de consommer. Et les Etats-Unis et l’Europe jouent des coudes pour sceller un accord de libre-échange avec le pays. A l’automne dernier, l’Europe y a dépêché une mission industrielle pour créer des partenariats avec des entrepreneurs locaux.“ Si nous voulons aider nos entreprises face aux délocalisations, nous devons les aider dans l’internationalisation. Malheureusement, seulement 13% des petites et moyennes entreprises travaillent au-delà des frontières européennes “, regrette le commissaire européenà l’Industrie Antonio Tajani.L’Union a déboursé près de quatre millions d’euros pour monter un centre de soutien aux PME qui vient d’ouvrir ses portes. Les obstacles sont administratifs, mais pas seulement dans un pays au parti unique qui emprisonne à tour de bras les journalistes dénonçant les cas de corruption.“ Il y a des choses comme la liberté d’expression qui restent très difficiles dans ce pays. S’ils veulent plus d’investissements européens, ils doivent l’accepter car un investisseur européen qui vient ici ne regarde pas seulement le contexte économique mais aussi le contexte social et politique “, nous dit Franz Jessen, l’ambassadeur de l’UE au Vietnam.Le tourisme est aussi en pleine expansion. L’an dernier, le pays a accueilli plus de six millions de visiteurs, un million venus d’Europe. De leur côté, les autorités vietnamiennes font pression pour que le régime des visas européens soit assoupli.Bruxelles pourrait accéder à la demande vietmanienne pour booster l’afflux de visiteurs étrangers sur le vieux continent. Mais l’objectif essentiel pour les Europpens est bien de décrocher des marchés pour la construction de stations balnéaires ou dans le secteur des tours operators. “ C’est une grande industrie en termes d’investissements, de moyens de production, de transfert de savoir-faire, de formation, et d’un autre côté c’est aussi une très grande opportunité pour les échanges dans les domaines sportif, culturel ou autres “, explique Janez Sirse, qui dirige l’Institut du tourisme international. Le commerce équitable fait aussi son chemin. Oriberry est une marque de café qui permet aux petits producteurs de gagner plus en supprimant les intermédiaires. Là encore, le marché est en plein boom. Le Vietnam a récemment supplanté le Brésil comme premier exportateur mondial de café. Mais c’est sur son pays que le fondateur de la marque veut concentrer ses efforts.“ Mon rêve pour Oriberry, ce serait que l’on ait des producteurs de café dans différentes zones du Vietnam avec leur propre marque, leurs propres magasins. Cela créerait pour eux comme pour nous des opportunités d’avoir plus de projets autour du café “, confie Dao Tran Phuong.Les ravages de la guerre ont beau être prégnants dans un pays marqué au fer rouge, aujourd’hui, c’est vers l’avenir que le Vietnam regarde.
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