Roumanie : le président contrecarre de justesse les plans du gouvernement
par euronews-fr
Le président roumain Klaus Iohannis s’est invité mercredi à un Conseil des ministres pour bloquer un possible allègement du code pénal par décret d’urgence, qui aurait permis à certains responsables politiques d‘échapper à des poursuites pénales. “Le Premier ministre Sorin Grindeanu s’est engagé à ne pas mettre à l’ordre du jour un tel projet du jour au lendemain (...), mais, au contraire, à le soumettre à un débat public, comme le prévoit la loi“, a déclaré M. Iohannis au début de la réunion du Conseil. “Je suis convaincu que nous tous souhaitons une consolidation de l’Etat de droit, ce qui implique le respect des normes en vigueur“, a-t-il martelé lors de cette première participation à un Conseil des ministres depuis le début de son mandat fin 2014. Le chef de l’Etat de centre droit avait évoqué mardi soir des “rumeurs” selon lesquelles la majorité de gauche s’apprêterait à “blanchir les dossiers” de plusieurs responsables politiques en adoptant deux projets de loi visant une grâce collective et une dépénalisation de certaines infractions. Ces deux textes ont été rendus publics en fin de matinée. En vertu du premier sont graciés les détenus purgeant des peines de jusqu‘à cinq ans de prison, sauf les récidivistes. Sont exceptées plusieurs catégories de peines, dont celles visant les actes de violence, le trafic d‘êtres humains, les pots-de-vin et le trafic d’influence. Le second prévoit entre autres que l’“abus de pouvoir” est pénalisé uniquement s’il provoque un préjudice supérieur à 200.000 lei (44.000 euros). “Il semble que ce texte ait des destinaires précis”, ont estimé la chef du Parquet général Augustin Lazar et la présidente de la Haute Cour de Cassation et de Justice Cristina Tarcea. Manifestations à travers le pays Des milliers de personnes sont descendues dans les rues de plusieurs grandes villes du pays, selon les médias. A Bucarest, environ 3.000 protestataires se sont rendus devant le siège du gouvernement en scandant “Démission”, a constaté un photographe de l’AFP. “Nous voulons la démocratie, pas l’amnistie”, ou encore “Votre place est en prison”, pouvait-on lire sur leurs pancartes. Le Premier ministre s’est défendu des accusations d’avoir voulu adopter ces deux textes en catimini mercredi, mais la date prévue d’entrée en vigueur figurant sur l’un d’entre eux le contredit. Le ministre de la Justice Florin Iordache a défendu le projet de grâce, qui permettrait selon lui de désengorger les prisons, en mettant en liberté entre 2.300 et 2.500 détenus, sur un total de 27.500. La Commission européenne, qui surveille de près la réforme de la justice en Roumanie, avait mis en garde dans son rapport annuel de 2015 contre tout projet de loi qui aurait pour effet de “blanchir des individus condamnés pour délits de corruption”. Avec agence (AFP)
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