Retour sur le gel et le dégel des relations entre Moscou et Ankara
par euronews-fr
Le début des hostilités entre Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan remonte à fin novembre 2015 : un chasseur bombardier russe est alors abattu par les Turcs au-dessus de la frontière turco-syrienne, deux pilotes russes sont tués. Immédiatement, Poutine réagit violemment : “La perte d’aujourd’hui est pour nous un coup de poignard dans le dos donné par les complices des terroristes. Je ne peux qualifier d’autre chose ce qui s’est passé aujourd’hui.“ S’en suivent des mois de crise, de sanctions économiques de la part de Moscou… Puis, c’est l’apaisement, avec la lettre d’excuses d’Erdogan au président Poutine en juin dernier. Moscou lève alors l’embargo sur certains produits turcs, et les compagnies aériennes russes sont de nouveau autorisées à voler vers les stations balnéaires turques, qui avaient vu leur fréquentation chuter de 83 %. Le 15 juillet, survient le coup d’Etat avorté en Turquie et la répression menée par Erdogan. 7 500 personnes ont été arrêtées depuis, dont une centaine de généraux, les pilotes turcs qui ont abattu le bombardier russe sont accusés d‘être impliqués dans ce coup d’Etat… Erdogan se brouille avec l’Union européenne, et plus largement avec les Occidentaux, mais se rapproche alors de Moscou. Début août, il est même en visite d’Etat à Saint-Pétersbourg. Il est reçu par Poutine, une première depuis novembre 2015. “Poutine a été l’un des premiers dirigeants à appeler Erdogan après le coup d’Etat, et il a déclaré son soutien inconditionnel au gouvernement turc élu démocratiquement“, nous epxlique l’expert en relations russo-turques de l’Université de Marmara, Emre Erçen. La Turquie et la Russie sont, avant tout, pragmatiques. Les huit mois de froid leur ont coûté cher, les échanges économiques avaient chuté de 40 %. Avec la normalisation de leurs relations, les deux pays ambitionnent de passer de 35 milliards de dollars en 2014, à 100 milliards de dollars par an dans les années à venir… Les Russes, par l’intermédiaire du géant du nucléaire civil Rosatom, vont notamment reprendre le chantier de la première centrale nucléaire turque à Akkuyu, dans le sud du pays. Son coût est estimé à près de 18 milliards d’euros. Et il pourrait fournir 10 % de la consommation électrique du pays. Les deux pays doivent aussi avancer sur le projet de construction du gazoduc Turkish Stream, sous la mer Noire, projet qui n’a pas avancé depuis décembre 2014. Ce gazoduc russo-turc est censé acheminer le gaz russe vers les consommateurs turcs et peut-être vers l’Europe. Il est destiné à transporter 31 milliards de m3 de gaz par an. Ce rapprochement, très concret, entre Moscou et Ankara, a lieu malgré la crise en Syrie. Les deux pays sont toujours profondément opposés sur le sort politique à réserver au président syrien Bachar al-Assad, mais, même sur ce dossier, les choses évoluent… Ces derniers jours, la voix d’Ankara s’est faite plus faible après les bombardements russes sur Alep…
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