Que reste-t-il de la Guerre froide ?
par euronews-fr
Vingt-cinq ans après la fin de la Guerre froide, il y a bien sûr les vestiges du Rideau de fer, mais aussi une certaine tension internationale qui rappelle d’anciens rapports de force. Pour envisager passé et présent, nous vous proposons dans cette édition spéciale de Reporter, de partir sur un itinéraire qui fait découvrir dans toute l’Europe, le patrimoine hérité de la division Est-Ouest. Cette Route du Rideau de fer ou Route 13 qui s’intègre à un projet soutenu par l’Union européenne (elle fait partie fait partie du réseau Eurovelo) propose aux cyclotouristes, un périple de 10.000 km le long de l’ancienne ligne de partage des deux Blocs. Nous choisissons de faire étape en Estonie, Lituanie et Allemagne.À Hara en Estonie, sur une ancienne base de sous-marins soviétique, nous rencontrons des pêcheurs issus de la minorité russophone. Les conflits en Géorgie et en Ukraine font dire à des observateurs qu’==une nouvelle guerre froide a débuté==. Qu’en pensent nos interlocuteurs sur ce lieu chargé d’Histoire ? “Je ne crois pas que ce soit de nouveau la Guerre froide parce que la Russie n’est pas l’Union soviétique,” souligne l’un d’eux avant d’ajouter : “même s’il y a encore un Parti communiste en Russie, il n’exerce plus le pouvoir.”Si côté russe, on veut éviter les raccourcis, côté occidental, les récentes tensions entre la Russie d’une part et l’Union européenne et les États-Unis de l’autre inquiètent. Il y a quelques jours, l’OTAN a dénoncé deux séries d’incidents impliquant la Russie dont un avion militaire russe entré dans l’espace aérien estonien. Moscou a parlé d’entraînement ou de vols de reconnaissance.En Estonie notamment, nombreux sont ceux qui redoutent de la part du Kremlin, des manœuvres de déstabilisation dans la région. C’est le cas de l’ancien directeur des services secrets d’Estonie, Eerik-Niiles Kross : “il est clair que la Russie est en passe de restaurer son statut de puissance impérialiste,” assure-t-il. “Je pense que la situation est délicate dans la mesure où la Russie croit que la Guerre froide se poursuit ou qu’elle a repris et que les Occidentaux essaient de prétendre qu’elle est terminée : on est dans un contexte où les Occidentaux ne savent pas comment gérer une Russie agressive et imprévisible,” insiste-t-il.Lors de notre étape en Lituanie, nous sommes accompagnés par l’ancienne ministre lituanienne de la Défense Rasa Jukneviciene. Sur une ancienne base de lancement de missiles nucléaires soviétique, elle affirme elle aussi que le temps de la Guerre froide n’est pas totalement révolu tout en appelant l’Union européenne et l’OTAN à réagir plus fortement aux agissements de Moscou. “Ce qu’on constate depuis 2008, c’est que les Russes ont commencé à remettre sur pied et à moderniser leurs forces armées autour des États baltes – depuis le nord jusqu‘à la région de Kaliningrad -,” indique-t-elle, “et ce sont eux qui disposent du plus grand nombre d’armes nucléaires dans la région.”Nous achevons notre périple à Berlin où nous découvrons les pans de Mur encore debout et le Musée de Checkpoint Charlie. Nous avons rendez-vous avec Michael Cramer, l’instigateur de notre “Route 13”. Eurodéputé écologiste allemand et fervent défenseur d’un tourisme durable, il nous explique que son projet est né d’un premier concept de parcours à vélo le long du Mur. La signalétique de l’itinéraire a été “placée à la hauteur à laquelle le Mur finissait : à 3 mètres 60 du sol,” détaille-t-il avant de nous rappeler la réalité des violences le long de l’ancienne ligne de partage entre Est et Ouest. Les soldats est-allemands avaient ordre de tirer sur tous ceux qui essayaient de franchir le Mur jusque dans les ultimes instants de la RDA. “La nuit du 5 février 1989, Chris Gueffroy a été tué : c’est le dernier fugitif qui est mort sur le Mur,” se souvient-il. “Il tentait de passer à l’Ouest avec un ami, son ami a été arrêté, mais lui a été abattu de dix balles : on aurait pu se contenter de l’arrêter,” conclut-il.Porte de Brandebourg, nous rencontrons Michael Paul de l’institut allemand SWP dédié aux relations internationales et à la sécurité. Avant le conflit en Ukraine, il organisait régulièrement des rencontres entre militaires russes et ukrainiens. Selon lui, “la Guerre froide est terminée. (...) Nous faisons face aujourd’hui, à de multiples formes de guerre comme des guerres hybrides – c’est le cas en Ukraine – et à une mondialisation de l’insécurité,” précise-t-il avant d’ajouter : “je ne crois pas que Poutine soit en train d’essayer de reconstruire l’Union soviétique, il ne poursuit pas des objectifs impérialistes ; à la différence de l’Union soviétique, la Russie actuelle n’en a plus la capacité.”À l’issue de notre périple sur les traces d’une Guerre d’un autre temps, un constat s’impose : même si les contextes et les protagonistes ont changé, on n’a pas encore réussi à faire taire les armes en Europe.BONUS 1: Eerik-Niiles KrossÀ l’aéroport de Tallinn, euronews s’est entretenu avec l’ancien
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