Philippe Starck : longévité et héritage redeviennent d'avant-garde
par euronews-fr
Isabelle Kumar, euronews :Design éclectique, c’est le moins que l’on puisse dire.Navette spatiale, presse-agrume, mais aussi cette maison où je me trouve aujourd’hui.On connait bien ses créations qui portent son nom, mais moins l’homme qui est derrière.Pour en savoir plus, je vais à la rencontre de Philippe Starck.Philippe Starck, merci d‘être avec nous dans The Global Conversation.Cela fait des décennies que vous créez, créez, créez, mais on a l’impression que vous avez toujours une tonne d’idées. Est-ce le cas ?Philippe Starck, designer :Ecoutez, je pense qu’il faut considérer ça comme un mélange de plusieurs choses, mais la base, c’est une maladie mentale.Une maladie mentale qui est issue, assurément de ce que l’on comprend de plus en plus grâce à l’imagerie électronique du cerveau, de différentes façons, de différentes architectures, de liaison entre les synapses et ainsi de suite.Donc, à vue de nez, ça ne passera pas trop parce que les raisons auraient dû changer, parce que quand on est jeune, on veut s’exprimer, on veut exister, je l’ai fait, mais je ne suis plus jeune, j’ai déja bien existé et je continue.Je pense que le devoir principal, pour mériter d’exister, c’est de servir.Isabelle Kumar, euronews :Et vous servez qui exactement ? Philippe Starck, designer :Je sers ma communauté. Vous savez chacun à sa tribu. Chacun représente sa tribu. Il ne faut jamais penser à la place de l’autre. Parce que nous, c’est nous, c’est très facile.Et la tribu d‘à côté aura un autre designer, et la tribu d‘à côté aura un autre designer.Il ne faut pas essayer d‘être de designer de quelqu’un autre.Isabelle Kumar, euronews :Et votre inspiration, vous le dites bien, qu’elle vient de vos rêves. Est-ce correct et comment ça fonctionne ?Philippe Starck, designer :Alors, moi, je suis autiste heureusement à un niveau extrêmement faible, quand même clairement autiste, c’est-à-dire que …Isabelle Kumar, euronews :Comment le savez-vous ?Philippe Starck, designer :Mais si vous êtes si à l‘écart de tout le monde, comment pouvez-vous savoir qui est, nous ?Et cet autisme, me fait vivre, comme je viens de le dire dans une autarcie presque totale. Vous savez lorsqu’on parle à personne, quand on voit personne, quand on ne regarde pas la télé, quand on n’arrive pas à comprendre quand on vous explique quelque chose, quand on préfère être tout seul qu’avec d’autre, on finit par comprendre, quand même certains fonctionnements. Ce qui m’intéresse… Si je dois répondre à cette question, je pense que j’ai une curiosité profonde et un amour profond pour nous, ce que nous sommes. Isabelle Kumar, euronews :Mais si vous êtes si à l‘écart de tout le monde, comment pouvez-vous savoir qui est, nous ?Philippe Starck, designer :Parce que nous, c’est nous, c’est très facile. Chacun … Vous, vous êtes suffisante pour comprendre certaines choses. Puis, je vais regarder le preneur de son ici, et je vais comprendre d’autres choses.Après il y a tous les signes, les nano-signes inconscients émis par la société pour comprendre.Et l’intérêt de travailler comme cela, c’est qu’on n’est pas dans le mainstream, dans les mêmes courants de pensée. Ça évite de radoter ce que les gens disent dans les diners mondains et dans les cocktails.Isabelle Kumar, euronews :Je voudrais ramener quelque unes de nos voix d’internaute qui veulent en savoir un peu plus sur vous. Philippe Starck, designer :Bien sûr, Isabelle Kumar, euronews :Et c’est une question qui vient de Yannick Giress, ... Philippe Starck, designer :Ce vieux Yannick…Isabelle Kumar, euronews :Qui demande : quels sont les obstacles rencontrés au cours de votre carrière, comment en êtes-vous arrivé à ce niveau ? Philippe Starck, designer :Il n’y a pas d’obstacles. Cela se passe petit à petit, on commence à dessiner dans la classe, alors le professeur vous met dehors parce que vous travaillez jamais. J’ai jamais eu aucun examen, parce que j’ai jamais été capable d’apprendre quoique ce soit. Puis un jour, le professeur voit que le dessin est intéressant, et pour la première fois, vous faites un acte de commerce : tu me donnes tes dessins et je te fous la paix.J’ai commencé à vivre de mes dessins et de mes créations, je devais avoir cinq ans !Et petit à petit, on fait ça pour un ami, on fait ça pour son village, on fait ça pour son pays.Puis quelqu’un à l’autre bout du monde, il dit, le petit français là, il n’a pas l’air trop mal et on construit, on construit, on construit…, c’est pour ça qu’il est tellement important d‘être honnête, parce que si vous faites quelque chose ici de pas bien immédiatement ça se saura.Donc l’honnêteté, l’investissement sur l’humain, l’investissement sur la créativité, le travail permanent sur soi-même, sur les autres, la connaissance du plus que l’on peut en terme structurel, c’est un tout, donc il n’y a aucun obstacle. Isabelle Kumar, euronews :Est-ce que vous trouvez alors que la France, que l’Europe, se donne à ces jeunes
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