Libération des prisonniers : Kiev et les séparatistes rechignent
par euronews-fr
Les Accords de Minsk II censés mettre un terme au conflit meurtrier entre les séparatistes pro-russes et les forces ukrainiennes piétinent sur de nombreux points, mais la libération des prisonniers semblent être le plus problématique. Des deux côtés, il semble impossible de savoir combien de prisonniers ont été faits. L’OSCE, l’organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, médiateur dans ce processus de paix, ne peut pas contraindre les deux parties à échanger des prisonniers, alors que Kiev et les séparatistes ne donnent pas les listes des personnes qu’ils détiennent encore. Le 14 septembre dernier, les proches de soldats ukrainiens encore retenus en captivité dans les régions séparatistes manifestaient devant l’ambassade d’Allemagne à Kiev : “Malheureusement, les Accords de Minsk n’ont donné aucun résultat. C’est pourquoi nous demandons à l’Union européenne, à l’OSCE et à toute la communauté européenne et internationale de nous aider à résoudre ce problème“, explique Natalia Lazarenko, femme de soldat. Plusieurs échanges de prisonniers ont bien eu lieu cette dernière année. Mais Amnesty International et Human Rights Watch affirment que Kiev et les séparatistes ont détenu arbitrairement des civils pendant des mois, parfois dans des prisons secrètes. Volodymyr Zhemchugov, capturé par la république autoproclamée de Lougansk, a été retenu prisonnier pendant 11 mois, après avoir perdu ses deux mains dans l’explosion d’une mine. Il affirme avoir été torturé : “Repent toi et nous te traitrons d’une meilleure façon”, me disaient-ils. “Je leur ai dit que je pensais que c‘était des traîtres, qu’ils avaient mis en place un régime d’occupation, et que je ne deviendrai pas un traître.“ Nikolai Vakaruk, lui, affirme être un mineur, un civil injustement mis en détention par Kiev pendant un an et demi. Il aurait été capturé pendant une fouille de sa maison dans la ville d’Ukrainsk, sur la ligne de front. Et il dit avoir été détenu dans ce centre de détention à Kharkiv qu’il a reconnu sur ces images tournées par Radio Liberté. Il affirme qu’il a été battu sans cesse, qu’on cherchait à lui faire avouer qu’il était un séparatiste : “Quand j’ai vu cette vidéo dans laquelle les services de sécurité ukrainiens autorisent des gens à vérifier l’endroit, j’ai reconnu toutes ces pièces mais il n’y avait plus personne. Cela veut dire que les gens sont cachés ailleurs. Ils ont été emmenés parce que s’ils avaient été relâchés, on en aurait entendu parler, ils auraient contacté des gens d’une manière ou d’une autre, par les réseaux sociaux par exemple…“ Amnesty International affirme que Vakaruk fait parti des 13 prisonniers libérés à Kharkiv en juillet dernier après la parution de son rapport sur les prisonniers de guerre et la détention arbitraire. Kiev comme les séparatistes semblent vouloir se servir des prisonniers comme d’un levier pour obtenir d’autres concessions.
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