Donald Trump minimise Maria par rapport à Katrina
par euronews-fr
Donald Trump a rencontré mardi à Porto Rico des sinistrés de l’ouragan Maria, serrant des mains, posant sur les photos et distribuant du riz, dans une tentative d‘étouffer les critiques sur la lenteur de l’aide fédérale au territoire américain dévasté. Portant une parka sombre sur une chemise blanche, le président américain et la première dame Melania Trump, casquette sur la tête, ont parcouru les rues de la petite ville de Guaynabo, au sud de la capitale San Juan. Donald Trump a demandé aux habitants de cette petite ville plutôt aisée dans quel état était leur maison, a posé avec eux sur les photos, distribué du riz et lancé des rouleaux de papier essuie-tout à des habitants réunis dans une église, comme il l’aurait fait avec un ballon de basket pour marquer un panier. Deux semaines après le passage dévastateur de cet ouragan de catégorie 4, Porto Rico panse toujours ses plaies : seuls 7% de l‘île dispose de courant, plus de 9 000 personnes vivent dans des refuges et seuls 40% des moyens de communication ont été rétablis, selon le l’Agence fédérale des situations d’urgence (Fema). Une grande partie des habitants ne dispose en outre toujours pas d’eau potable ni de carburant. Pourtant, Donald Trump a minimisé lors d’une rencontre avec des responsables de la gestion de la crise la situation sur l‘île, en faisant un parallèle avec l’ouragan Katrina, une “vraie catastrophe“, selon lui. “Chaque mort est une horreur, mais si vous regardez une vraie catastrophe comme Katrina et vous regardez les énormes centaines et centaines de personnes qui sont mortes et ce qui s’est passé ici (...). Quel est votre bilan ?“ a demandé M. Trump, avant de poursuivre : “Seize (morts) contre des milliers“. L’ouragan Katrina a fait en 2005 plus de 1 800 morts dans la région de La Nouvelle-Orléans, contre 16 à Porto Rico. “Nous avons sauvé beaucoup de vies“, s’est ainsi félicité Donald Trump, lors d’une visite soigneusement préparée afin d‘éviter toute éventuelle manifestation de mécontentement. M. Trump a en outre souligné que la gestion de la crise avait entamé le budget du pays. “Je déteste te dire ça Porto Rico mais tu déstabilises notre budget“, a-t-il lancé. “Je ne me souviens pas du président disant au Texas qu’ils avaient déstabilisé le budget après Harvey ou en Floride après Irma“, a réagi le leader de la majorité démocrate au Sénat Chuck Schumer. Si la mobilisation de M. Trump après le passage des ouragans Harvey et Irma au Texas et en Floride a été globalement plutôt bien accueillie, celle concernant Porto Rico a été beaucoup moins consensuelle. “Nous sommes scandalisés par la lenteur et l’inadéquation de la réponse du gouvernement américain à Porto Rico“, a lancé Abby Maxman, présidente de l’organisation Oxfam America. Nombre de Portoricains ont ainsi le sentiment d’avoir été traités comme des citoyens de seconde zone. Une dizaine de manifestants anti-Trump s’est d’ailleurs rassemblée dans la matinée devant le quartier général des autorités portoricaines. “Il vient pour un show médiatique, pour du spectacle. Il vient deux semaines après“, a relevé Sonia Santiago, retraitée de 62 ans. Au-delà des actes et des réels défis logistiques auxquels l’administration est confrontée dans ce territoire asphyxié par la dette et aux infrastructures chancelantes, ce sont les mots et le style du président américain qui ont surpris. Et la première a en avoir fait les frais est la maire de la capitale Carmen Yulin Cruz, qui a osé exprimer son désarroi face à une réponse fédérale jugée lente. L’occupant de la Maison Blanche lui a répondu par un tweet cinglant en l’accusant de faire preuve “d’un leadership médiocre“. Donald Trump lui a serré la main mardi, mais n’a pas eu un mot pour celle qui a pourtant été l’une des premières à remonter ses manches pour venir en aide à la population sinistrée. Après avoir passé quelques heures sur l‘île, M. Trump s’est rendu à bord de l’USS Kearsarge pour y rencontrer son équipage. Il est ensuite reparti à bord de l’avion présidentiel Air Force One pour Washington. Le président américain doit se rendre mercredi à Las Vegas après la fusillade qui a ensanglanté cette ville du Nevada. Ces déplacements constituent de véritables tests de leadership pour Donald Trump, huit mois après son arrivée au pouvoir. Avec agence (AFP)
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