Amnesty international visée par la Turquie
par euronews-fr
Amnesty International a dénoncé jeudi l’arrestation par la police turque de sa directrice pour la Turquie, avec d’autres militants des droits de l’homme, sur une île au large d’Istanbul, et a demandé leur libération immédiate. Idil Eser, directrice d’Amnesty International Turquie, a été arrêtée mercredi avec sept autres militants lors d’un atelier de formation au management et à la sécurité informatique, à Buyukada, a précisé l’ONG de défense des droits de l’homme. Un Suédois et un Allemand, formateurs lors de cet atelier ont également été interpellés, a déclaré à l’AFP Andrew Gardner, chercheur spécialisé sur la Turquie à Amnesty International. Ces dix personnes sont interrogées pour “appartenance à une organisation terroriste armée“, selon M. Gardner, qui affirme qu’Amnesty a dû attendre jeudi après-midi pour avoir de leurs nouvelles. “Mais quelle organisation terroriste ? Personne ne sait.“ L’expression “organisation terroriste” désigne le plus souvent pour les autorités turques les partisans du prédicateur Fethullah Gülen, accusé d’avoir fomenté le putsch manqué de juillet 2016, ou les séparatistes kurdes du PKK. “C’est juste une tentative pour harceler et incarcérer les défenseurs des droits de l’Homme“, dénonce M. Gardner. Il a tout de même souligné que tous étaient détenus dans de bonnes conditions, dans cinq endroits différents, à Istanbul. “Nous sommes profondément gênés et furieux que certains des défenseurs des droits de l’homme les plus connus en Turquie, dont la directrice d’Amnesty International dans le pays, aient ainsi pu être arrêtés, sans la moindre raison“, a insisté Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty, dans un communiqué diffusé tôt jeudi. “Ils doivent être libérés immédiatement et sans condition“, a-t-il insisté. Ces arrestations sont intervenues moins d’un mois après celle du président d’Amnesty en Turquie, Taner Kilic, sur la base “d’accusations absolument sans fondement” le liant au coup d’Etat raté du 15 juillet 2016, selon Amnesty. Appelant à la libération des dix détenus et à une “explication publique“, Hugh Williamson, directeur de la division Europe et Asie Centrale à Human Rights Watch, a qualifié cette détention de “nouveau point bas pour l’Etat turc“, selon un communiqué de l’ONG diffusé jeudi soir. “J’ai soulevé la question, mais n’ai pas encore obtenu de réponse adéquate“, a déclaré pour sa part le commissaire européen à l’Elargissement, Johannes Hahn, en visite à Ankara jeudi, interrogé sur le sujet. “Soyez assurés que nous suivons cette affaire, ainsi que d’autres,” a-t-il ajouté. Après le putsch avorté et l’instauration de l‘état d’urgence, toujours en vigueur à ce jour, les dirigeants turcs ont lancé des purges d’une ampleur inédite, dans le cadre desquelles environ 50.000 personnes ont été arrêtées et plus de 100.000 limogées ou suspendues. Avec agence (AFP)
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