Taux "démoniaques" de plomb et d'arsenic à Marseille, les collectivités devant la justice
par La Provence
Jeudi 7 novembre, trois associations et une vingtaine d’habitants victimes des pollutions historiques aux métaux lourds demanderont au tribunal administratif de reconnaître la "carence fautive de l’État, de la mairie de Marseille et de la Métropole" de n’avoir pas agi. Le long de la côte de la Pointe-Rouge, à Marseille (8e), ils ont alerté sans relâche. Les riverains, les associations et les collectifs dénoncent depuis des années les pollutions historiques aux métaux lourds (arsenic, plomb, baryum, nickel, zinc, cuivre…) qui contaminent les terrains, les jardins, les plages… jusqu’à Callelongue. Mais depuis 2009 et la fermeture de Legré-Mante, dernière usine de cette zone industrielle implantée à la Madrague-de-Montredon depuis le XIXe siècle, rien ne bouge. "Alors que la pollution est connue, que l’on dispose aujourd’hui de techniques de dépollution, aucune mesure de protection ni de prévention n’est prise", assène Rolland Dadena, de l’Association santé littoral sud (ASLS). Avec deux autres associations, Fédération d’action régionale pour l’environnement (Fare Sud) et Union calanques littoral (UCL), il a déposé une plainte pénale contre X en 2020 (en cours d’instruction). Ce jeudi matin, c’est devant le tribunal administratif que ces trois collectifs et une vingtaine d’habitants assignent l’État, la Ville de Marseille et la Métropole pour "carence fautive". "Les résultats sont démoniaques" Les analyses de relevés menées par l’Ademe en avril dernier dans le périmètre de la friche de Legré-Mante, avenue de la Madrague-de-Montredon, sont sans appel. Et sans surprise. "Les résultats sont démoniaques en termes de concentration d’arsenic et de plomb, les mesures sont dix fois supérieures à la valeur limite. On demande aux habitants de ne plus consommer leurs légumes, d’éviter tout contact avec les éléments extérieurs de leur jardin !", assure l’avocat des associations et habitants, Me Florent Tizot. Un lent empoisonnement que ne suffira pas à balayer le vaste plan de dépollution des calanques à 14 millions d’euros encadré par l’État et cofinancé par la Ville, la Métropole et le Département. "Bien sûr c’est une bonne chose, mais le périmètre de dépollution reste bien insuffisant, c’est sur la globalité du secteur qu’il faut agir", insiste Rolland Dadena. Son conseil renchérit : le plan de dépollution mis en œuvre dès 2025 ne comprend "ni la friche de Legré-Mante, ni le crassier de Samena qui déverse encore du plomb et du mercure, ni l’Escalette, ni Callelongue qui a abrité une usine de pétrole… Même la route des Goudes a été construite sur des scories. Tout le monde le sait, mais aucune précaution n’est prise, je le sais bien, c’est le quartier où j’ai grandi". Le rapporteur public en faveur d’une condamnation Après une première victoire en juillet dernier au tribunal administratif, qui avait retoqué les deux permis de construire du projet immobilier prévu sur la friche de Legré-Mante, les associations et les habitants espèrent la même attention du
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