Agression de VTC à Marseille : "Si tu ne ramènes pas l'argent, je te descends comme ton collègue"
par La Provence
À Marseille, les chauffeurs VTC se sentent en danger. En 48 heures, l'un d'eux a dû remettre sa voiture sous la menace d’une arme de poing tandis qu'un autre a été pris en chasse sur plusieurs kilomètres. Les syndicats demandent des vérifications obligatoires pour bannir les clients non identifiés. "Je n’arrête pas de me refaire le film", rembobine Boubaker, un chauffeur VTC qui "évite de travailler à Marseille". Se bornant à accepter des trajets pour et depuis l’aéroport, il accepte pour une fois une course payée "cash" par une jeune femme sur l’application Bolt, dimanche soir, près de la cité Félix-Pyat (3e). "Un homme à peine majeur monte dans le véhicule à la place de ma cliente. Il sort un calibre et le charge, me demandant 2 000 euros. Je n’avais rien pour lui, alors il m’a pris ma carte bancaire, mes papiers, mon téléphone et ma voiture", précise le chauffeur encore sous le choc. Ce dernier garde toutefois son téléphone professionnel, puis s’éloigne et joint la police, qui lance la géolocalisation du smartphone volé. Le suspect appréhendé Il faut moins d’une heure aux enquêteurs pour conduire une perquisition qui s’avère fructueuse : Saïd H., 18 ans, est appréhendé et en parallèle, sa complice. Mais Boubaker ne "retrouve pas le calme", loin de là. Son agresseur l’a pris en photo avant de l’envoyer à plusieurs contacts. À l’extorsion s’ajoute donc l’intimidation, qui devait dissuader Boubaker d’alerter la police. S’il a pu récupérer sa voiture, le chauffeur "ne peut plus dormir, de peur que quelqu’un m’attende chez moi", confie-t-il, un mois pile après que Nessim Ramdane, chauffeur VTC de 36 ans et père de famille, a été abattu au volant par un adolescent de 14 ans dans le 3e arrondissement. Moins de 48 heures après cette agression, un autre témoignage pousse les chauffeurs VTC à demander aux plateformes type Heetch, Bolt ou Uber, plus de sécurité. Il est 9 h quand Mehdi* accepte une course, elle aussi payée en liquide via l’application Bolt. "Mon client monte dans le véhicule avec deux hommes", retrace Mehdi, qui se retrouve "menacé de mort". "Pris en chasse sur plusieurs kilomètres" "On n’avait pas fait 200 mètres qu’une autre voiture se range à ma hauteur. Le conducteur à l’intérieur me dit qu’il veut mettre la main sur les hommes qui sont dans mon véhicule. Passé la sidération, je leur demande de sortir mais ils refusent. Je suis pris en chasse sur plusieurs kilomètres", assure Mehdi, qui gagne les dédales du parking du centre commercial Le Merlan (14e), quatre kilomètres plus loin. Les passagers sortent en trombe de la voiture, tandis que Mehdi arrive à se "sortir de là" sans savoir s’il s’agissait d’un stratagème pour subtiliser son véhicule. Aujourd’hui, les conducteurs VTC marseillais se disent "dégoûtés et en colère après les plateformes, qui n’entendent pas", dit le président de l’Union des chauffeurs VTC de Marseille, Houari Benali.
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