À Arles, 1500 brebis ont défilé dans le centre-ville pour la transhumance
par La Provence
Du boulevard des Lices jusqu’aux arènes, les brebis de la Crau sèche sont venues à la rencontre des Arlésiens, dimanche 10 novembre matin. Devant un troupeau de plus d’un millier de brebis lâchées dans le centre historique, à chacun sa technique : il y a ceux qui se collent aux barrières, de peur d’être heurtés par une bête un peu trop imprudente, ceux qui marchent à côté du troupeau comme la vingtaine de bergers et éleveurs présents pour l’occasion, et ceux qui préfèrent suivre le défilé en queue de peloton, au risque de marcher sur quelques matières fécales relâchées au fil du parcours. Dimanche 10 novembre 2024 matin, les éleveurs de la Crau sèche sont venus célébrer le pastoralisme dans les rues d’Arles, accompagnés par 1 500 brebis lors de la transhumance de la quatrième édition des Rencontres du Mérinos. Dès leur arrivée sur le parking des Lices, les trois camions chargés de 500 bêtes chacun ont fait leur petit effet. Les plus jeunes s’approchent, s’accrochent aux grilles, et caressent les brebis pour les plus téméraires. Dix minutes plus tard, les fauves sont lâchés, mais ceux-là ne font pas peur aux Arlésiens. Sous des centaines de regards admiratifs, les bergers et leurs fidèles partenaires ont traversé la cité antique. "Mais ils vont trop vite", commentent les parents présents en début de cortège, pendant que certains enfants ont enfourché vélos et trottinettes pour suivre le mouvement. Un métier qui se féminise La transhumance a été un franc succès populaire, "il y a beaucoup plus de monde que l’an dernier", remarque Magali, éleveuse depuis 30 ans à Saint-Martin-de-Crau. Une tradition qui est tout sauf "une pratique du passé" selon Lionel Escoffier, président de la Maison de la transhumance : "Aujourd’hui, les bergers sont jeunes, ils n’ont pas des grandes capes mais plutôt des jeans et des casquettes !". Parmi eux, les bergères se sont fait une place. Au centre de formation du Domaine du Merle, à Salon-de-Provence, 45 % des élèves sont des femmes. "On fait perdurer le pastoralisme, se félicite Manon, éleveuse à Tarascon. On montre aux gens qu’il n’y a pas que des chevaux et des taureaux en Crau et en Camargue, il y a aussi des brebis depuis des centaines d’années". Accompagnée de son bâton, la Tarasconnaise frappe sur le sol à plusieurs reprises pour empêcher les brebis d’aller s’égarer sur le boulevard Émile-Combes. Une dizaine d’enfants, également bâtons à la main, suivent l’exemple de leur aînée. Dans quelques années, ce seront peut-être eux qui encadreront "pour de vrai" la transhumance, comme les grands, pour entretenir la tradition. "C’est un métier passionnant, mais il ne faut pas compter sur les 35 heures", lance Magali à sa jeune collègue. Forte de plus de 30 ans de métier, elle a elle aussi commencé à s’occuper des brebis toute petite. Une fois arrivée aux arènes, Magali a le regard vif, prête à intervenir en cas de couac. Parfois, un trou se creuse dans le troupeau d’un millier de brebis.
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