Société

Santé : un cœur greffé avec succès après un voyage en avion des Antilles à Paris

© Oleksandr P /Pexels / Photo d'illustration

En janvier dernier, à Paris, un patient de 70 ans a pu recevoir une greffe du cœur. L’organe a pu être conservé pendant douze heures lors du vol vers Paris.

C’est un exploit médical qui peut révolutionner les greffes. En janvier dernier, un patient de 70 ans de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, a pu se voir greffer un cœur qui venait des Antilles, explique BFMTV, mardi 9 avril. Le cœur avait été prélevé sur un patient de 48 ans en état de "mort encéphalique", avant d’être placé dans une machine de perfusion ex vivo pour le voyage en avion. Cette machine, qui ressemble à une grosse glacière, est une fabrication de la société suédoise XVIVO qui "refroidit le cœur à 8 °C et le perfuse en continu avec du sang et de l'oxygène", explique le professeur et chirurgien cardiaque Guillaume Lebreton à BFMTV. C’est lui qui a réalisé la transplantation en coopération avec les hôpitaux universitaires de Pointe-à-Pitre et de Fort-de-France.

Grâce à cette technologie, le cœur prélevé dans les Antilles a pu être acheminé sans encombre et en parfait état à Paris. "Cette méthode permet d'allonger la durée de préservation des greffons cardiaques et d'améliorer les résultats de la transplantation", ajoute d’ailleurs Guillaume Lebreton. Sur X, ex-Twitter, la revue médicale The Lancet a publié l’image de la perfusion ex vivo dans l’avion qui se dirigeait vers la métropole, dans un post du 19 mars dernier. C’est dans The Lancet que Guillaume Lebreton a publié son étude sur cette transplantation inédite, le 28 février dernier. L’opération s’est déroulée avec succès à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière et le patient qui a reçu la greffe "va très bien", indique le médecin.

Une solution pour pallier la pénurie d’organes

Cette belle histoire montre la pénurie d’organes. Selon l’agence de biomédecine, 823 personnes en attente d’une greffe sont décédées en 2023, et au 1er janvier 2024, 11 422 personnes étaient immédiatement éligibles à une greffe d’organe. "Comme il n'y a pas de programme de transplantation en Martinique et en Guadeloupe, les cœurs sont perdus", déplore Guillaume Lebreton, qui poursuit : "Dans un contexte de pénurie d'organes, ce n'est pas acceptable." À cause des contraintes horaires, il y a de nombreux greffons auxquels les médecins n’ont pas accès, que ce soit en métropole ou dans les Antilles. Idéalement, Guillaume Lebreton aimerait développer des transferts d’organes lors de vols commerciaux ou pendant un trajet en TGV. Cela permettrait de limiter les transferts en urgence, qui sollicitent "une logistique extrêmement coûteuse, pas très écoresponsable et parfois même dangereuse".

publié le 9 avril à 10h25, Capucine Trollion, 6Medias

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