Société

Pratiques illégales… pourquoi Nestlé et le gouvernement sont-ils au cœur de la controverse ?

© Alamy/ABACA - Selon une enquête, le géant agroalimentaire Nestlé a appliqué des traitements interdits à ces eaux.

Selon une enquête publiée mardi 30 janvier par Le Monde et Radio France, le géant de l’agroalimentaire a traité ses eaux en bouteille avec des filtres non autorisés. Informé, l’exécutif aurait décidé d’assouplir la réglementation sans avertir la justice.

Un traitement non-conforme à la réglementation, et une gestion gouvernementale troublante. Ce mardi 30 janvier, Le Monde et la cellule investigation de Radio France ont révélé que plusieurs industriels de l’agroalimentaire ont appliqué des filtres interdits à leurs eaux minérales.

Parmi ces entreprises, le numéro un du secteur, Nestlé, qui commercialise les marques Perrier, Vittel ou encore Hépar. Si le géant suisse a reconnu avoir eu recours à ces pratiques interdites pour "maintenir sa sécurité alimentaire", l’affaire embarrasse le gouvernement d’Élisabeth Borne.

Mis au parfum en août 2021 par le groupe, le ministère de l’Industrie, occupé par Agnès Pannier-Runacher, aurait décidé de ne pas en informer la justice. Et ce, malgré l’article 40 du code de procédure pénale qui contraint tout officier public "ayant acquis la connaissance d’un crime ou d’un délit" d’avertir le procureur de la République.

Un rapport accablant

À cette époque, Nestlé avait manifesté le souhait d’obtenir une permission d’utiliser les filtres les plus puissants pour traiter ses eaux minérales sujettes à des contaminations bactériennes. Or, les autorités sanitaires interdisent l’application de ces traitements en dessous de 0,8 micron. Ce seuil est établi par l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Anses), qui juge que les eaux minérales naturelles et eaux de source s’avèrent "microbiologiquement saines". Seules l’eau du robinet et les eaux assujettis à "un traitement" peuvent être traitées à la faveur de puissants filtres.

Dans ce contexte, Bercy réclame un rapport. En juillet 2022, l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) présente une synthèse au vitriol. Il en ressort que plus d’un tiers des marques d’eaux embouteillées sont traitées par des filtres non conformes. Nestlé est accablé. Toutes ses eaux sont concernées. Malgré ce rapport, le ministère de l’Industrie prend le parti de Nestlé et autorise le recours à la microfiltration en deçà de 0,8 micron.

publié le 30 janvier à 12h20, Antoine Grotteria, 6Medias

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