Pesticides : des tests sur des d’enfants révèlent la présence dans leur organisme de substances dangereuses
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Des analyses toxicologiques ont été réalisées sur les cheveux et l’urine de 70 enfants à La Rochelle. Elles se révèlent positives à des herbicides et des néonicotinoïdes interdits en France, révèle France Info, samedi 12 octobre 2024.
Les cheveux et l’urine de pas moins de 70 enfants habitant dans la plaine agricole et céréalière d’Aunis, près de La Rochelle (Charente-Maritime), ont été récemment testés, un lieu où les cancers pédiatriques se multiplient : sur la seule commune de Saint-Rogatien, qui compte 2200 habitants à l’est de l’agglomération rochelaise, le journal Le Monde avait recensé en 2021 six enfants victimes d’un cancer entre 2009 et 2018. Quatre nouveaux cas ont été identifiés depuis dans le même secteur et il se pourrait que d’autres enfants malades, non répertoriés, viennent s’ajouter à la liste, car il faut au moins deux ans de recul pour pouvoir les prendre en compte, assure Jean-Marie Piot, président de la Ligue contre le cancer en Charente-Maritime, à France Info. D’autres communes seraient aussi touchées par le phénomène : France Info et Le Monde recensent des cancers pédiatriques à Périgny et Bourgneuf, communes voisines de Saint-Rogatien.
En lien avec le laboratoire de l’Inserm du CHU de Poitiers et la Ligue contre le cancer en Charente-Maritime, ce sont des parents qui ont eux-mêmes lancé cette étude en 2018, après le décès d’une adolescente de 15 ans. "Elle est mise à jour annuellement, et tous les ans on arrive à la même conclusion, c'est-à-dire que le nombre de cas de cancers d'enfants pour la seule commune de Saint-Rogatien est plus de quatre fois supérieur à la moyenne attendue", assure Jean-Marie Piot à France Info.
Des molécules cancérigènes trouvées
Cette étude porte sur les pesticides utilisés dans les champs entourant ces communes. "On sait que les cancers peuvent avoir une cause environnementale", indique le président de l’association Avenir santé environnement, constituée par des parents inquiets de ce secteur, qui assure que, par le passé, certaines molécules issues de pesticides ont été retrouvées dans l’air "dans des concentrations records".
Les cheveux et l’urine de 70 enfants âgés de 3 à 17 ans, vivant dans six communes à l’est de La Rochelle, ont été collectés et testés. 45 molécules différentes ont été retrouvées dans les échantillons de cheveux et 14 dans les urines. France Info révèle qu’il se trouve parmi elles des substances pouvant venir d’un usage agricole et réputées ou suspectées d’être cancérigènes, comme un dérivé du folpel, utilisé dans les champs de cultures céréalières pour tuer les champignons, ou la pendiméthaline, un puissant herbicide. Mais il se trouve aussi des substances interdites en France, des néonicotinoïdes comme l’acétamipride, un insecticide banni des cultures en 2018. Avec ces résultats, les parents comptent bien, après de nombreux signalements et courriers sans réponse, faire enfin bouger les pouvoirs publics sur le sujet.
publié le 12 octobre à 18h56, Auguste Breton, 6Medias