Le thon en boîte serait contaminé au mercure, bien au-delà des recommandations sanitaires
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Deux ONG assurent que 100% des boîtes de thon testées sont plombées au mercure. L’Anses recommande de diminuer sa consommation, notamment aux personnes enceintes et allaitantes et aux enfants.
On a tous une boîte de thon dans nos placards. En salade, dans des pâtes ou dans des quiches, c’est aussi une très bonne source de protéines, de vitamine D, d’oméga 3 et d’antioxydants. Mais voilà, c’est aussi l’un des poissons les plus contaminés au mercure. L’association écologiste Bloom a analysé en laboratoire 148 boîtes de thon achetées dans 5 pays européens différents et assure que 100% des conserves contenaient du mercure, rapporte Le Parisien.
La limite maximale autorisée était dépassée dans une boîte sur deux. Celle-ci est fixée à 0,3 mg/kilo pour le cabillaud ou le saumon. Une boîte achetée à Paris a été testée à 3,9 mg/kg, soit 13 fois plus que la limite pour les espèces soumises aux normes les plus restrictives. L’ONG dénonce par ailleurs des normes trop permissives concernant le thon en termes de teneurs en mercure. Julie Guterman, la principale autrice de l’enquête, dénonce une inaction des pouvoirs publics : "Les pouvoirs publics auraient dû établir des règles strictes pour que l’on consomme moins de thon, mais c’est tout le contraire. Ce poisson se voit en effet attribuer une tolérance maximale en mercure trois fois plus élevée que les espèces les moins contaminées comme le cabillaud, alors qu’aucune raison sanitaire ne justifie cet écart."
Camille Dorioz, directeur des campagnes de l’ONG Foodwatch, fait le même constat : "Il n’est pas admissible que la norme censée nous protéger soit moins restrictive pour le thon alors que c’est l’espèce la plus contaminée." Selon Bloom, cela s’explique par des raisons économiques. "Le seuil de dangerosité n’a pas été fixé dans l’objectif de protéger la santé humaine mais uniquement les intérêts financiers de l’industrie thonière", dénonce l’ONG.
Quels risques pour la santé ?
Si le thon est l’une des espèces les plus contaminées, c’est à cause de sa place dans la chaîne alimentaire. En effet, les éruptions volcaniques, les exploitations minières, la métallurgie, la combustion des déchets et combustibles fossiles émettent du mercure, qui pollue l’atmosphère et les océans. La chair des poissons est contaminée au mercure et le thon, en mangeant les plus petits poissons, se contamine d’autant plus. C’est également le cas du requin ou de l’espadon, mais ils sont beaucoup moins consommés en France. En effet, "le thon est l’une des espèces les plus contaminées, mais c’est aussi le poisson le plus consommé en France avec une moyenne de 5 kg par personne et par an", assure Julie Guterman.
La truite et le thon rouge ne devraient être mangés que quelques fois par semaine, et le requin, le brochet, le flétan et le thon blanc que quelques fois par mois. Au vu des résultats de l’analyse de Bloom, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a réactualisé ses recommandations en rappelant que "des consommateurs très réguliers de poissons prédateurs sauvages (plus d’une portion par semaine) peuvent présenter des niveaux d’exposition au méthylmercure dépassant la dose hebdomadaire tolérable". Les personnes enceintes ou allaitantes ainsi que les enfants doivent limiter leur consommation.
publié le 29 octobre à 10h55, Philippine Rouviere Flamand, 6Medias