Gard : la plateforme industrielle de Salindres pourrait établir un "record mondial" de “polluants éternels”
© PA Photos/ABACA - En France, le sujet de ces polluants éternels n’est sur la table que depuis deux ans.
Une enquête menée conjointement par des médias français et belges, parmi lesquels France 3 Occitanie, a mis en lumière la pollution aux PFAS de cours d'eau jouxtant la plateforme industrielle du village gardois.
Des substances PFAS retrouvées à un taux qui pourrait établir un record mondial. Et ça se passe en France. À Salindres (Gard), plus précisément. Selon une enquête menée conjointement par France 3 Occitanie, le journal Le Monde et la chaîne RTBF (Belgique), la plateforme industrielle située dans le village gardois rejetterait en effet des taux records d’acide trifluoroacétique (TFA), une substance per- et polyfluoroalkylés (PFAS) dans les rivières qui bordent l’usine, mais aussi les robinets de certaines communes plus au sud du site.
"Je n'ai jamais rencontré des niveaux de TFA aussi élevés que ceux-ci"
À l’automne 2023, des prélèvements sont réalisés par l’ONG Générations futures avant d’être analysés par le laboratoire Ianesco, en s’appuyant sur des informations de géolocalisation récoltées par Le Monde. Dans la rivière Arias, le taux de PFAS avoisine les 8500 µg/L. Dans l’Avène, où elle conflue, c’est 5300 µg/L. Et dans chacun de ces cas, c’est le TFA qui est le composé majoritaire. "Je n'ai jamais rencontré des niveaux de TFA aussi élevés que ceux-ci", confirme ainsi Ian Cousins, professeur en chimie environnementale à l’Université de Stockholm.
La plateforme industrielle gardoise, classée Seveso (c'est-à-dire qu'elle présente des risques d'accidents majeurs, selon un profil établi par des directives européennes) depuis 1990, fait partie des cinq sites français produisant des substances PFAS. En France pourtant, le sujet de ces polluants éternels n’est sur la table que depuis deux ans. "Les PFAS ? J’en ai entendu parler pour la première fois l’année dernière, quand on a fait le point avec les dirigeants de Solvay…", confie ainsi Etienne Malachanne, maire (sans étiquette) du village industriel de 3500 âmes. Mais, en témoignent des documents consultés par nos confrères, l’usine Solvay actuellement installée sur le site avait, en 2011, mesuré le taux de TFA sur le site de Salindres. À l’époque, l’usine en rejetait 80 kg par jour dans l’Arias.
publié le 6 février à 10h15, Nathan Hallegot, 6Medias