Fusillade à Poitiers : la maire exige une rectification des propos tenus par le ministre de l’Intérieur
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Léonore Moncond'huy, maire de Poitiers, a exprimé sa colère après la fusillade mortelle d’Halloween, dénonçant les « propos inexacts » tenus par le ministre de l'Intérieur lors de son intervention télévisée sur BFM.
Samedi 2 novembre 2024, la maire de Poitiers, Léonore Moncond'huy, s’est exprimée dans un communiqué après le décès tragique d’Anis, un adolescent de 15 ans mortellement blessé par balle lors d’une soirée Halloween, informations données par France Info.
Jeudi soir, alors qu'une fête organisée par une association locale avait réuni des jeunes du quartier, des Couronneries, des coups de feu ont éclaté devant un restaurant, blessant alors cinq mineurs, dont Anis. Ce dernier, touché par balle à la tête, n'a pas survécu. Le lendemain matin, sur BFMTV, le ministre de l’Intérieur a évoqué "une rixe entre bandes rivales" impliquant "plusieurs centaines de personnes", dénonçant aussi des "narcoracailles" et un risque de "mexicanisation" du pays.
La maire de Poitiers a vivement réagi, demandant que le ministre « rectifie ses propos inexacts », précisant qu’il s’agissait d’une "fusillade isolée" et non d’une rixe impliquant des centaines de personnes. « Je souhaite que le ministre rétablisse la vérité. Nous le devons à la famille du jeune disparu », a déclaré l'élue écologiste lundi sur France Bleu Poitou, rappelant que de tels propos « nourrissent les amalgames entre la jeunesse des quartiers et les trafiquants ».
Un suspect toujours en fuite et des précisions de la police
La police ainsi que le parquet ont démenti la version d’une vaste rixe, mentionnant quelques échauffourées qui ont impliqué des dizaines de personnes à proximité du lieu de la fusillade. La maire a d'ailleurs souligné que le décès de l’adolescent était « assez tragique en soi » pour qu’aucune « fausse information » ne soit véhiculée. De plus elle a précisé qu'Anis « n’avait strictement aucun lien avec le trafic de drogue ».
La famille du jeune homme, représentée par son avocate, a également affirmé qu’il n’avait « aucun antécédent de délinquance ». Léonore Moncond'huy a donc accusé le ministre d’avoir « instrumentalisé » l’image du quartier des Couronneries et de Poitiers pour alimenter un discours « populiste et alarmiste ». « C’est inacceptable », a-t-elle ajouté.
Le parquet a révélé qu’un suspect, déjà connu pour trafic de stupéfiants et sous contrôle judiciaire pour une affaire d’armes, était activement recherché. Les sources avancées par le ministre de l’Intérieur restent donc à vérifier, souligne la maire, qui regrette l’impact d’un discours « sécuritaire basé sur la peur, qui effraie la population », déplorant l’amalgame fait autour de cet événement.
Léonore Moncond'huy a par la suite annoncé la réouverture prochaine du commissariat des Couronneries, après confirmation du préfet.
publié le 4 novembre à 15h50, Orane Guisset, 6Médias