Attentat d'Arras : le récit glaçant du terroriste qui a tué Dominique Bernard
© Lafargue Raphael/ABACA - Un portrait de Dominique Bernard, durant ses obsèques à Arras.
Dans une longue déposition consultée par "Le Parisien", lundi 5 février, le terroriste d'Arras a décrit le meurtre qu'il a commis contre l'enseignant Dominique Bernard comme un acte prémédité, visant un symbole de la République et lié à une lente radicalisation.
Un acte de folie murement réfléchi et qui était planifié. Comme le révèle Le Parisien, lundi 5 février, le terroriste d'Arras est revenu, dans une longue déposition consultée par nos confrères, sur l'assassinat de Dominique Bernard, qu'il a commis le 13 octobre 2023. Il y révèle notamment que son meurtre était préparé depuis de longues semaines et que le professeur de français était la seule et unique cible de cet attentat. "C’était planifié. Les moyens utilisés, ce qu’il y avait dans mes mains, le jour choisi, l’emplacement et la cible étaient intentionnels", a expliqué Mohammed Mogouchkov, un jeune Russe de 21 ans, face au juge antiterroriste en novembre dernier.
Armé de deux couteaux, le terroriste s'est introduit dans le collège-lycée Gambetta dans un but bien précis. "La première cible touchée était la cible principale, finale. Qui était planifiée. […] Même si j'ai mis des semaines à penser à ça, la pensée s'arrêtait à M. Bernard", affirme-t-il aux enquêteurs. Ancien élève de Dominique Bernard, "au moins une année, en quatrième", Mohammed Mogouchkov reconnaît n'avoir eu aucun différend personnel avec lui par le passé. Mais il avait décidé de faire de sa victime un symbole car elle était professeur de français. "Dominique Bernard était prof de français. C’est l’une des matières où l’on transmet la passion, l’amour, l’attachement du système en général. De la République, de la démocratie, des droits de l’homme, des droits français et mécréants", poursuit-t-il durant son interrogatoire.
Un acte préparé à partir de l'été 2023
Concernant la préparation de son attentat, Mohammed Mogouchkov avoue au juge antiterroriste s'y être attelé à partir de l'été 2023. Le jeune Russe se serait mis à lire le Coran en intégralité, notamment les passages sujets à interprétation sur la nécessité du djihad contre les ennemis de l'islam. "Le vendredi, il y a plus de lectures du Coran, d'actes dévotionnels en islam. C'est ça qui chauffe. […] Certains versets du Coran rongent l'immobilité, dans le sens ne pas passer à l'acte, ne pas avoir ce côté violence, offensif. […] C'est pas juste rationnel. Juste le fait d'écrire, de planifier ou même d'aller faire un repérage sans même être sûr si on veut vraiment le faire et quand, c'était quelque chose de l'ordre du passionnel", avoue-t-il.
Fiché S depuis l'été 2023, objet d'un suivi actif par les agents de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), Mohammed Mogouchkov a également dédouané ses proches de tout lien avec son attentat. "Personne n'était au courant de ce projet. Ni de près ni de loin", jure-t-il durant son interrogatoire, choisissant d'évoquer un "cheminement individuel".
publié le 5 février à 16h30, Quentin Marchal, 6Medias