L’écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé est morte à 90 ans
© Vim/ABACA - L'écrivaine Maryse Condé en 2009.
Monument de la littérature aux multiples casquettes, la romancière et journaliste Maryse Condé est décédée dans la nuit du lundi 1er au mardi 2 avril, à l’âge de 90 ans, rapporte Outre-mer La 1ère.
Autrice, journaliste, enseignante, et plus de 70 livres à son actif... L’écrivaine Maryse Condé laisse derrière elle une carrière brillante, et une œuvre foisonnante à la renommée mondiale. Selon sa famille, l’autrice guadeloupéenne s’est éteinte à l’hôpital, dans la nuit du lundi 1er au mardi 2 avril, a-t-on appris d’Outre-mer La 1ère ce 2 avril.
Benjamine d’une famille de huit enfants, Maryse Condé est née en 1934 à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), et grandit dans un environnement "imprégné de littérature et de culture françaises", selon ses mots : "Mon père commandait des livres de littérature française […]. Lui ne les lisait pas, mais mon frère et moi, on coupait les pages et on lisait", racontait-elle à France Culture en 2018.
Une icône de l’anticolonialisme
Fervente indépendantiste, elle partira de Guadeloupe à ses 19 ans pour s’installer à Paris dans les années 1950. Elle intègre alors de lycée Fénelon, où elle subit le racisme de ses camarades, qui la mènera à découvrir les écrivains de la négritude, dont l’incontournable Aimé Césaire, l’histoire de la colonisation et de l’esclavage. Des thèmes qui nourriront son œuvre. Ses premiers écrits décortiquent la notion de "créolité" et sa construction dans l’imaginaire colonialiste français. Elle débute en parallèle une carrière de journaliste.
Un premier mariage, une grossesse, seule, puis trois enfants, une vie en Afrique, une autre aux États-Unis... Maryse Condé ne cessera d’élargir son horizon, innervant ses romans, ses livres jeunesse, ses pièces de théâtre, ses cours et ses articles de son expérience. Elle en tire notamment deux de ses romans phares : Ségou (1984 - 1985), qui raconte en deux tomes la colonisation de l’Afrique à travers le destin d’une famille, et Moi, Tituba, sorcière… Noire de Salem, qui replonge lecteur dans l’Amérique du XVIIe siècle.
Référence internationale et monument de la littérature anticolonialiste, Maryse Condé, atteinte d’une maladie neurodégénérative, s’était retirée à Gordes, dans le Vaucluse. Elle a été récompensée de nombreux prix, dont, en 2018, du prix Nobel de littérature "alternatif" pour l’ensemble de son œuvre. Le 27 mars, quelques jours avant sa mort, une plaque avait été installée sur sa maison d’enfance à Pointe-à-Pitre.
publié le 2 avril à 11h49, Joanna Wadel, 6Medias