Culture

De l'argent sale au musée: les tableaux de la mafia exposés à Milan

  • Une visiteuse prend en photo une illustration de
    ©Piero CRUCIATTI, AFP - Une visiteuse prend en photo une illustration de "Roméo et Juliette" de l'artiste espagnol Salvador Dali lors d'une avant-première de l'exposition intitulée "SalvArti, des confiscations aux collections publiques" au Palazzo Reale de Milan, en Italie, le 2 décembre 2024
  • Une visiteuse prend en photo une illustration de
    ©Piero CRUCIATTI, AFP - Une visiteuse passe devant un tableau intitulé "Segreto" de l'artiste italien Gianni Dessi lors d'une avant-première de l'exposition "SalvArti, des confiscations aux collections publiques" au Palazzo Reale de Milan, en Italie, le 2 décembre 2024
  • Une visiteuse prend en photo une illustration de
    ©Piero CRUCIATTI, AFP - Un visiteur regarde des œuvres de l'Italien d'origine libyenne Mario Schifano et de l'artiste américain Andy Warhol (c) lors de l'avant-première de l'exposition intitulée "SalvArti, des confiscations aux collections publiques" au Palazzo Reale de Milan, en Italie, le 2 décembre 2024
  • Une visiteuse prend en photo une illustration de
    ©Piero CRUCIATTI, AFP - Une visiteuse regarde les peintures "Piazza d'Italia" de Giorgio De Chirico et "Capanno sulla Riva" de Carlo Carra lors de l'avant-première de l'exposition "SalvArti, des confiscations aux collections publiques" au Palazzo Reale à Milan, en Italie, le 2 décembre 2024

Plus de 80 peintures, dont des chefs-d'oeuvre de Salvador Dali, Andy Warhol, Christo et Giorgio de Chirico, confisquées à la mafia, sont exposées à partir de mardi au Palazzo Reale de Milan, sauvées par des fins limiers qui traquent l'argent sale.

"Des œuvres destinées à rester enfouies dans les circuits du crime organisé sont finalement rendues à la communauté, assumant un rôle symbolique de résistance au crime", a expliqué la préfète Maria Rosaria Lagana.

Depuis septembre, Mme Lagana dirige l'Agence nationale pour l'administration des biens saisis au crime organisé qui propose une plateforme permettant à des repreneurs de jeter leur dévolu sur des biens confisqués, dont des bolides de Ferrari ou des Harley-Davidson.

Si ces derniers sont mis aux enchères et accessibles à tout le monde, une partie des biens, comme des appartements, maisons et terrains agricoles, sont attribués gratuitement à des organismes publics et ONG.

Quant aux oeuvres exposées à Milan, "ce sont des biens qui, à l'évidence, auraient pu être vendus, mais le choix a été fait de les conserver dans les musées, car elles ont une valeur importante", a déclaré Mme Lagana à l'AFP.

- "Renaissance" -

"C'est une renaissance pour ces oeuvres. C'est un peu comme si nous les sortions de terre, tels des archéologues, pour les exposer dans des endroits où tout le monde peut les voir", a-t-elle estimé.

L'exposition "SalvArti, des confiscations aux collections publiques" contient plus d'une vingtaine d'oeuvres saisies en 2016 auprès d'un boss de la 'Ndrangheta, la puissante mafia calabraise.

Dans la petite salle consacrée aux oeuvres confisquées par le tribunal de Reggio de Calabre, une lithographie à l'encre de Chine de "Roméo et Juliette" du peintre surréaliste espagnol Salvador Dali (1904-1989) jouxte "Piazza d'Italia", une splendide huile sur toile du maître italien Giorgio de Chirico (1888-1978).

Les murs sont tapissés de coupures de presse témoignant de ces saisies spectaculaires et des vidéos de la police financière de Reggio de Calabre tournent en boucle à l'entrée de l'exposition.

Une soixantaine d'autres tableaux proviennent d'une saisie décrétée par le tribunal de Rome en 2013 dans le cadre d'une fraude gigantesque liée à un réseau international de blanchiment d'argent.

Parmi ces oeuvres figurent une sérigraphie du pape du pop art américain Andy Warhol (1928-1987) intitulée "Arts d'été dans les parcs" et la lithographie d'une "Vénus emballée" par Christo (1935-2020) pour la Villa Borghèse à Rome.

"La créativité et la beauté de +l'art libéré+ des mains criminelles sont proposées à la vision collective pour promouvoir la culture, tout en stimulant la conscience du caractère insidieux du fléau mafieux", a résumé Mme Lagana.

La mafia utilise des oeuvres d'art volées comme monnaie d'échange dans les trafics de drogue et d'armes. L'un des larcins les plus retentissants aura été celui de la "Nativité avec saint François et saint Laurent", une toile du Caravage dérobée à l'oratoire San Lorenzo à Palerme en 1969 et recherchée depuis.

L'exposition, dont l'accès est gratuit, se déroule jusqu'au 26 janvier au Palazzo Reale de Milan, avant de se déplacer au Palais de la Culture de Reggio de Calabre, du 8 février au 27 avril.

publié le 3 décembre à 11h27, AFP

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