Inondations : l’État doit-il rendre inhabitables certaines zones ?
© La ville de Brimeux (Pas-de-Calais) sous les eaux en mars 2024. (Jarry/ANDBZ/ABACA)
Alors que depuis plusieurs mois, le Pas-de-Calais et le Nord font face à des crues à répétition qui causent de nombreuses inondations, Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, évoquait en janvier dernier la possible création de zones inhabitables. Une mesure nécessaire selon vous ?
Ces derniers mois, les habitants du Nord et du Pas-de-Calais vivent au rythme des crues et des inondations. Un quart des Français sont concernés par ce risque, avait ainsi averti Stéphanie Bidault, chargée de la gestion des risques et des crises à l’Association des maires de France (AMF), sur franceinfo et France Inter, jeudi 4 janvier. Mardi 26 mars, la préfecture du Pas-de-Calais a notamment annoncé l’élargissement de sa cellule d’écoute à destination des sinistrés, indique France Bleu. Durant le week-end de Pâques, 38 départements étaient en alerte pour crues, dont deux, la Vienne et l’Indre-et-Loire, en en alerte rouge, où plus 200 évacuations ont déjà eu lieu. Mais alors, l’État doit-il prendre des mesures dans certaines zones afin de les rendre inhabitables pour éviter tout risque ?
Au total, 17,1 millions de Français résident dans une zone exposée à un débordement de cours d’eau. Une situation "historique", que l’experte rattache à l’implantation de villes "au bord de cours d’eau (…) pour des raisons économiques". Dans le Pas-de-Calais, les fleuves, déjà gorgés d’eau lors des précédentes inondations, en novembre, sont rapidement sortis de leur lit. Conséquence, de nombreuses habitations ont été submergées par les eaux. Près de 300 évacuations ont eu lieu.
La création de zones inhabitables ?
Le 4 janvier dernier, Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, s’était rendu au chevet des sinistrés. Il avait évoqué la possibilité de créer des zones inhabitables, ce qui se traduirait par l’expropriation des résidents exposés aux risques d’inondation. "Toutes les questions doivent être posées", indiquait-il. En 2010, plus d’un millier de personnes avaient déjà été dédommagées par l’État après le passage de la tempête Xynthia.
Selon Stéphanie Bidault, les "délocalisations" s’avèrent une idée intéressante, mais insuffisante pour répondre à la problématique des risques d’inondation. L’experte a égrené plusieurs axes de politiques publiques, comme "l’adaptation" ou encore "l’interv(ention) en amont" de la menace de crues. Ces dernières devraient augmenter dans les prochaines années en raison du réchauffement climatique.
publié le 1 mai à 07h00, Antoine Grotteria et Théo Rampazzo, 6Medias