Chili: la présidentielle de la rupture

par euronews-fr

Au Chili, deux femmes sont en lice pour tourner une page de l’Histoire du pays. Michelle Bachelet et Evelyn Matthei s’affrontent ce dimanche, lors de l‘élection présidentielle. L’ancienne chef de l’Etat, de centre gauche, bénéficie cette fois du soutien du parti communiste. La favorite de ce scrutin mise sur l‘éducation, dans un contexte marqué par la mobilisation sans précédent des étudiants. Evelyn Matthei, qui incarne de son côté la ligne conservatrice, veut doper la croissance en donnant un coup de pouce aux entreprises. Pour la première fois au Chili, le vote ne sera pas obligatoire. D’après les sondages, près de quatre électeurs sur dix devraient s’abstenir.C’est non seulement la première fois que le vote n’est pas obligatoire, mais la plupart des neuf candidats veulent réformer la constitution rédigée par le général Pinochet, et en finir avec le modèle néolibéral, jugé trop inégalitaire. Et, chose rare, les deux favoris sont des favorites. Michelle Bachelet et Evelyn Matthei représentent les deux options les plus opposées. Michelle est la fille d’un général tué par ses pairs pour être resté fidèle au président Allende. Evelyn est quant à elle la fille d’un général putschiste. A 62 ans, Michelle Bachelet, médecin de formation, revient avec la coalition centre-gauche qui lui avait permis de diriger le pays de 2006 à 2010, le parti communiste en plus. Elle promet une nouvelle constitution, une fiscalité plus juste et une réforme exhaustive de l‘éducation. “Cette réforme assurera une éducation publique de qualité, gratuite et à but non lucratif, pour tous”, assure Michelle Bachelet. “L‘éducation est un droit social et non un bien de consommation”.Face à l’ancienne présidente, Evelyn Matthei, 59 ans, est ingénieure et pianiste. Elle représente la droite au pouvoir. En matière d‘éducation, elle propose des primes pour les enseignants les plus performants et des investissements dans les infrastructures scolaires. “Notre projet ressemble à l’Allemagne de Merkel. Leur projet ressemble à l’Allemagne du mur de Berlin”, résume la candidate.Ancienne ministre du travail du président Piñera sortant, elle s’inscrit comme la candidate de la continuité : pas de révision constitutionnelle, et la poursuite d’une politique économique favorable aux entreprises. Le Chili jouit actuellement d’une croissance de plus de 4%, mais en repli par rapport à 2012. Et si le taux de chômage reste bas, autour de 6,5%, la situation sociale n’y est pas moins explosive. Au cours de son mandat, le président Piñera n’a prêté attention ni à la grogne des fonctionnaires pénalisés par des baisses de salaires, Les étudiants, de leur côté, dénoncent la fracture sociale engendrée par un système éducatif essentiellement privé. “Il y a quatre ans, parler d‘éducation gratuite aurait été une hérésie, mais aujourd’hui, c’est perçu comme une nécessité au Chili”, explique Andrés Fielbaum, président de la fédération des étudiants d’université. “Nous nous étions habitués à supposer que le privé était plus efficace, que les profits étaient le moteur de toute activité humaine, et que l’Etat se devait de rester au second plan. Mais après des années de mobilisation, il est désormais admis que ce n’est pas le cas pour tous les domaines.”Des manifestants qui entendent rester mobilisés pour obtenir du prochain locataire de la Casa de la Moneda une véritable correction des écarts croissants de revenus et de chances.

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