Politique

"Un divorce entre Macron et la macronie" : le Président désavoué par certains cadres de la majorité

Si Gabriel Attal fait campagne pour la majorité présidentielle, sans donner publiquement son avis sur la dissolution de l'Assemblée nationale, d'autres cadres de la macronie affichent clairement leur désaccord avec le chef de l'État.

Emmanuel Macron a provoqué un séisme politique en annonçant la dissolution de l'Assemblée nationale après les élections européennes, largement remportées par le Rassemblement national. Sa décision a également causé une scission au sein de sa majorité. Il y a, d'un côté, ceux qui soutiennent le chef de l'État dans ce choix, et, de l'autre côté, ceux qui désapprouvent.

Dès le 10 juin, au lendemain de la dissolution, Yaël Braun-Pivet a réagi en présidente déchue de l'Assemblée nationale et a déclaré sur France 2 qu'un "autre chemin" existait selon elle : celui de la coalition, qu'elle considère comme une "obligation" désormais. Après les élections législatives, et malgré son désaccord marqué avec le chef de l'État, Yaël Braun-Pivet espère bien retrouver son perchoir.

Un député de la majorité dresse, lui, un bilan sans appel auprès de BFMTV : "Si on est réélu, ça sera malgré Macron : il y a un divorce entre Macron et la macronie." "Je pensais que tout était prêt pour cette dissolution. Mais non, il n'y a aucun plan de l'Élysée, il nous laisse tout seuls", a pour sa part déploré un ministre. "Dissoudre l'Assemblée, c'est un pari risqué. Or, on ne parie pas avec la France, on ne parie pas avec son pays", a encore réagi un élu de la majorité.

"La dissolution est la décision d'un seul homme", souligne Bruno Le Maire

Outre Yaël Braun-Pivet, d'autres cadres et élus du camp Macron ont témoigné à visage découvert de leur désaccord avec le chef de l'État. Sur TV5 Monde, jeudi, Bruno Le Maire s'en est même pris aux conseillers présidentiels, qu'il a qualifiés de "cloportes" : "Le mieux c’est de ne pas les écouter et de rester à sa place (…) et prendre ses décisions en conscience." Quelques jours plus tôt, il avait déclaré au Monde : "La dissolution est la décision d'un seul homme : le président de la République."

Parmi les anciens alliés d'Emmanuel Macron, une voix a tonné plus fort que les autres. Édouard Philippe a confié à TF1 Info que le chef de l'État avait "tué la majorité présidentielle" avec cette décision, qu'il a "pris seul", ajoutant que l'on pouvait "parfaitement s'interroger pour savoir si c'était une décision opportune ou inopportune". L'ancien Premier ministre n'a pas souhaité s'étaler plus sur le sujet, préférant se concentrer sur le premier tour des législatives.

De son côté, Gabriel Attal – qui aurait tenté de dissuader Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée nationale – mène la campagne de la majorité pour les législatives et se tient à distance respectable du chef de l'État. En conférence de presse, il a par ailleurs appelé les Français à aller voter et à le "choisir" comme Premier ministre dès le 30 juin. Sur BFMTV, il a aussi déclaré : "Quoiqu'il arrive après ces élections législatives, le président de la République sera toujours président de la République jusqu'en 2027. Par contre, ce qui sera différent, c'est qu'à Matignon soit vous aurez Jordan Bardella, soit vous aurez Jean-Luc Mélenchon, soit vous m'aurez moi."

publié le 24 juin à 08h00, Maeliss Innocenti, 6Medias

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