Retraites : une partie de la majorité s’agace des propos “suicidaires” d’Élisabeth Borne
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Après avoir appelé à l’apaisement et à ne pas "brusquer les choses" dans le dialogue avec les syndicats, Elisabeth Borne est la cible de critiques d’une partie de la majorité qui juge la contradiction avec les demandes du Président peu habile.
Le torchon brûle-t-il entre la Première ministre et le président de la République ? Vendredi 7 avril, Élisabeth Borne a confié à nos confrères du Monde qu’elle souhaite "respecter une période de convalescence" et recherche "le bon timing" pour renouer le dialogue avec les syndicats. Le souhait de la locataire de Matignon a rapidement été interprété comme le début d’une prise de distance avec Emmanuel Macron, qui avait demandé à sa Première ministre de renouer le dialogue au plus vite. Dans la majorité, le comportement de la cheffe du gouvernement crée des remous.
"J'ai dû relire ses propos trois fois et je n'ai toujours pas bien compris pourquoi elle a fait ça", a confié un ministre à BFMTV. Aujourd’hui, Élisabeth Borne ne veut pas “que les syndicats sortent humiliés de cette séquence". "C’est inélégant et stupide, c’est un écran de fumée pour justifier son échec", lâche même un ponte de la majorité à la chaîne.
“C’est suicidaire. Le président ne fonctionne pas comme ça", a également confié un ministre à la chaîne d'information. Cette sortie sera-t-elle la goutte d’eau pour le président qui semble déjà songer à un remaniement ? D’autant plus qu'Élisabeth Borne a fait savoir qu'elle n'était "pas simplement là pour administrer le pays". Pour d’autres, la stratégie adoptée est fine et intelligemment menée. "C’est malin. C’est une façon de se démarquer sans franchir la ligne rouge", a déclaré une députée de la majorité.
Laurent Berger salue la sortie d’Elisabeth Borne
Un conseiller de l’exécutif y voit, lui, une certaine résignation de la part d’Élisabeth Borne : "la rupture avec Macron est déjà entamée, elle n’a plus rien à perdre donc autant laisser une marque dans l’opinion. » Laurent Berger, également interrogé par BFMTV, s’est dit “d'accord” avec Élisabeth Borne “sur le fait qu'il faut de l'apaisement et du respect”. Le secrétaire général de la CFDT a expliqué avoir trouvé les propos de la Première ministre “plus respectueux” que le message “qui était venu de Chine”. Le président avait réfuté l’expression “crise démocratique” employée par le leader syndical.
En revanche, Simon Duteil de Solidaires semble avoir moins bien perçu la sortie de la Première ministre. Selon lui, Élisabeth Borne "parle de convalescence, mais nous on n'est pas malades, c'est notre démocratie qui est malade." Seul le temps dira si elle a scellé son sort avec cette phrase, tandis que France Info rapportait vendredi qu'elle n'avait pas échangé avec le président depuis plusieurs heures.
publié le 7 avril à 18h06, Orange avec 6Medias