Politique

Retraites, budget, immigration... ce qu'il faut retenir du discours de politique générale de François Bayrou

© Lafargue Raphael/ABACA

Mardi 14 janvier, le Premier ministre, François Bayrou dévoile sa feuille de route à l'Assemblée nationale. Le groupe des députés de La France insoumise a d'ores et déjà annoncé qu'il déposera une motion de censure.

C'est un discours qui était attendu en pleine période d'instabilité politique. Un mois après sa nomination à Matignon, François Bayrou s'est exprimé mardi 14 janvier, devant les députés à l'occasion de sa déclaration de politique générale à l'Assemblée nationale. Dans son discours, le chef du gouvernement est revenu sur de nombreux points, dont la controversée réforme des retraites, qui lui a valu de nombreuses tractations ces derniers jours avec le Parti socialiste (PS). "La réforme des retraites est vitale pour notre pays et notre modèle social", a alerté François Bayrou.

Le nouveau locataire de Matignon annonce qu’il va, dès vendredi 17 janvier, "remettre ce sujet en chantier avec les partenaires sociaux pour un temps bref et dans des conditions transparentes" et demande "une mission flash à la Cour des comptes" sur le sujet. "La loi de 2023 a prévu que l’âge légal de départ passerait à 63 ans fin 2026. Une fenêtre de tir s’ouvre donc. Je souhaite fixer une échéance à plus court terme, celle de la prochaine loi de financement de la sécurité sociale", a poursuivi le Premier ministre. Avant de prévenir : "Si les partenaires ne s’accordaient pas, c’est la réforme actuelle qui continuerait à s’appliquer". Rappelant que la France emprunte "chaque année 40 ou 45 milliards d'euros" à cause de son modèle de retraites, François Bayrou a pointé du doigt un "problème moral". "La dette est injuste si elle met à la charge de nos enfants nos dépenses courantes d’aujourd’hui. (...) Ce problème social et moral, le gouvernement n’entend pas le laisser sans réponse", a-t-il mis en avant.

Pour le Budget 2025, François Bayrou appelle à "des économies importantes"

François Bayrou s'est également attardé sur la situation économique du pays. Alors que le gouvernement Barnier tablait sur une croissance du PIB de 1,1% en 2025 pour élaborer son Budget, le Premier ministre s’aligne désormais sur la prévision, moins optimiste, de la Banque de France, de 0,9%. Ce qui signifie moins de recettes fiscales. François Bayrou a appelé à "des économies importantes" et évoqué plusieurs pistes : "C’est bien un puissant mouvement de réforme de l’action publique qu’il faut conduire", a-t-il déclaré, évoquant notamment l'existence de "1000 agences, organes et opérateurs" publics. "Il nous faut repenser tous nos budgets, à partir non pas du prolongement de ce qui se faisait l’année précédente augmenté d’un pourcentage d’inflation, mais de ce que qu’exige le service ou l’action à conduire", a martelé le chef du gouvernement.

"L'immigration est d'abord une question de proportion"

Le Premier ministre est également revenu sur la question de l'immigration en France. "J’ai la conviction profonde que l’immigration est d'abord une question de proportion", a-t-il assuré à la tribune. "L’installation d’une famille étrangère dans un village pyrénéen ou cévenol, c’est un mouvement de générosité qui se déploie. (...) Mais quand trente familles s’installent, le village se sent menacé", avance encore le chef du gouvernement. François Bayrou regrette que "93% des obligations de quitter le territoire (OQTF) ne soient pas exécutées". Pour une meilleure coordination entre les services de l'État, le Premier ministre compte "réactiver le comité interministériel du contrôle de l'immigration". Le patron du MoDem juge également que "les bidonvilles et la misère" liées à l'immigration irrégulière "provoquent le même rejet partout", "à Calais comme à Mayotte".

François Bayrou annonce l'ouverture d'une "concertation sur le travail et les salaires"

Sur le volet du Travail, François Bayrou a évoqué plusieurs pistes pour améliorer le quotidien des Français. "Je souhaite que l’on ouvre une concertation sur le travail et les salaires qui reviendra sur la qualité de la vie au travail, sa rémunération et son sens", a-t-il déclaré. "La concertation devra aborder la question de la santé au travail, de la prévention et de la prise en charge des arrêts de travail, ainsi que la situation des travailleurs pauvres, de l’égalité salariale femmes-hommes", a détaillé le Premier ministre. "Il faudra aussi poursuivre les efforts en matière de revalorisation salariales et de mise en place de dispositifs d’épargne salariale, d’intéressement et de participation dans tous les secteurs", a ajouté le chef du gouvernement.

La baisse du niveau scolaire est "le plus grand de nos échecs"

François Bayrou a longuement évoqué le niveau scolaire en France, en chute libre ces dernières décennies. "Comment accepter que l’école française, qui était la première du monde, se voie classée au rang qui est le sien aujourd’hui, en mathématiques comme en lecture ?", a regretté le chef du gouvernement. "Les enseignants de notre université dépeignent des étudiants de première année, après 13, 14 ou 15 années d’école qui ne parviennent pas à écrire un texte simple, compréhensible avec une orthographe acceptable. C’est le plus grand de nos échecs, dont sont victimes les plus faibles. Ceux qui n’ont pas les codes se voient écartés sans détour", a-t-il poursuivi. Pour y remédier, François Bayrou veut notamment lancer "une pause numérique qui doit être généralisé" pour les enfants et les adolescents. Le Premier ministre compte faire "la promotion de la lecture contre le monopole des écrans". "Ma conviction est que les gisements de progrès sont du côté des enseignants", a-t-il encore déclaré.

Une "banque de la démocratie" prochainement créée et une "réforme du mode de scrutin législatif" bientôt lancée

Durant sa déclaration de politique générale, le chef du gouvernement a également annoncé la création d'une "banque de la démocratie" afin que les partis politiques puissent se financer. Cela vise à ce que "le financement des partis politiques et des campagnes ne dépende plus de choix de banques privées mais d’organismes publics, placés sous le contrôle du Parlement". Favorable au cumul des mandats, François Bayrou estime également qu'il fait reposer "la question de l’exercice simultané d’une responsabilité locale et nationale". Enfin, il s'est dit "favorable" à la proportionnelle et souhaite une "réforme du mode de scrutin législatif" sur laquelle il veut "avancer".

François Bayrou veut "reprendre le cahier de doléances" des Gilets jaunes

Lors de son discours, François Bayrou a également affirmé que sa feuille de route, la "promesse française", vise à "répondre au cri qu’ont fait entendre les Gilets jaunes sur nos ronds-points il y six ans". "Je m’adresse à eux aujourd’hui. Qu’ils ne pensent pas que nous les avons oubliés. Leur rejet de cette division du pays - entre ceux qui comptent et ceux qui ne comptent pas ; ceux qui passent à la télévision et ceux qui la regardent ; ceux des arrondissements centraux de Paris et les autres – qu’ils sachent que nous en faisons le cœur de notre politique", a-t-il déclaré, insistant sur le fait de vouloir "reprendre le cahier de doléances" des Gilets jaunes.

Sur la scène internationale, François Bayrou veut "regarder les grandes puissances en face"

Au niveau international, François Bayrou a exigé "la libération" des otages, notamment Français, toujours retenus par le Hamas à Gaza. Citant notamment les récentes sorties de Donald Trump sur le Canada et le Groenland, le Premier ministre estime qu’il est "temps de regarder les grandes puissances" comme les États-Unis ou la Chine "en face". "C’est à nous de signifier qui nous sommes", a-t-il estimé.

publié le 14 janvier à 16h45, Quentin Marchal, 6Medias

Liens commerciaux