Quand le "Macron-compatible" Michel Barnier n'était pas tendre avec le Président
© Guibbaud Christophe/ABACA
Nommé Premier ministre jeudi 5 septembre, Michel Barnier a critiqué à maintes reprises Emmanuel Macron sur sa manière de gouverner, ses choix politiques et les difficultés qu'aura le camp présidentiel à lui survivre, décrypte BFMTV. Tour d'horizon des principales déclarations où il a épinglé le chef de l'État.
51 jours après la démission du gouvernement de Gabriel Attal, le nom du nouveau locataire de Matignon est enfin connu depuis ce jeudi 5 septembre. À 73 ans, Michel Barnier devient le plus vieux Premier ministre sous la Ve République. Emmanuel Macron s'apprête à collaborer avec un chef de gouvernement qui n'a pourtant pas toujours été tendre à son égard. Récemment, le ténor du parti Les Républicains (LR) avait critiqué Emmanuel Macron pour son choix de dissoudre l'Assemblée nationale, regrettant un "pari très risqué". Mais ces critiques sont loin de dater de ces derniers mois, comme le souligne BFMTV.
En 2021, auprès du Figaro, Michel Barnier estimait que la "gestion de ce pays" devrait être "moins solitaire, moins arrogante". "Rien n'oblige, sous la Ve République, le président (…) à agir seul, à parler tout seul", avait-il mis en avant. "Il faut connaître et aimer les Français et la France, son histoire et sa géographie. Il faut les respecter et faire respecter la France. Le président sortant n’a pas su faire tout cela. Ce n'est pas à l’Élysée que l’on apprend", fustigeait-il encore auprès de nos confrères. Après les élections de 2022, il appelait devant les médias la macronie à "montrer qu'ils ont compris" et à passer "de la culture de l'arrogance à la culture du compromis", dénonçant un "gouvernement vertical".
"Un grand déclassement" et une famille politique qui a "vocation à disparaître" en 2027
Au-delà de la manière de gouverner d'Emmanuel Macron, Michel Barnier a également épinglé sa politique mise en œuvre qui a amené le "grand déclassement de la France". "L'influence française, en France et dans le monde a reculé avec Emmanuel Macron", estimait-il encore auprès du Figaro. "Le renouveau qu'il prétendait incarner ne s'est pas matérialisé", dénonçait-il encore auprès du Temps en novembre 2021. Pour lui, "Emmanuel Macron a déconstruit la France", citant "l'insécurité, les injustices sociales ou les fractures territoriales" qui ont "prospéré" selon lui. Sur Franceinfo, en 2022, Michel Barnier tenait également le président de la République pour "responsable de l'effondrement de notre commerce extérieur, de l'explosion de notre dette et de notre déficit, du chômage, de l'insécurité…".
Concernant le macronisme, Michel Barnier n'a également pas mâché ses mots. Après les résultats des élections législatives de 2022, où le camp présidentiel a perdu sa majorité absolue à l'Assemblée nationale, Michel Barnier soutenait sur X que "le macronisme, ce pouvoir central adepte du 'en même temps' qui a voulu tout effacer entre lui et les extrêmes, a vocation à disparaître en 2027". "La stratégie choisie par Emmanuel Macron depuis sept ans, consistant à créer un bloc central nébuleux et à faire le vide sur sa droite comme sur sa gauche, a conduit à une disparition des partis de gouvernement. Le 'en même temps' ne peut pas être une réponse à l'insécurité publique", poursuivait-il en 2023 auprès du Figaro.
Un profil que beaucoup voient comme "Macron-compatible"
Malgré cette volée de critiques, nombreux sont ceux à voir Michel Barnier comme "Macron-compatible". Le chef de l'État et son nouveau Premier ministre ont dîné ensemble mercredi 4 septembre au soir. Le secrétaire général de l’Élysée, Alexis Kohler, l'un des plus proches soutiens d'Emmanuel Macron milite depuis plusieurs semaines pour le désigner à Matignon, rapporte Le Parisien. Et pour cause, il ne reviendra pas sur les grandes lignes de la politique menée depuis sept ans, il ne sera pas censuré automatiquement comme l'auraient été Xavier Bertrand et Bernard Cazeneuve et il n'affiche aucune ambition pour 2027. Malgré ces attaques dans les médias contre Emmanuel Macron, Michel Barnier a su convaincre le président de la République qu'il était l'homme de la situation pour composer un gouvernement qui saura faire face à une Assemblée nationale sans majorité absolue.
publié le 5 septembre à 17h33, Quentin Marchal, 6Medias